Deprivation of liberty and end of life: Does die with dignity mean to die free?

Plus de dix ans après l'avènement de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, l'application d'une de ses mesures, la suspension de peine pour raison médicale, reste médiocre. Cet aménagement devait permettre aux détenus atteints de pathologies graves de bénéficier d'une libération pour être soignés et mourir libre. La faible effectivité de la mesure interroge sa nécessité et sa suffisance à remplir l'objectif d'une fin de vie digne. Deux points de vue s'opposent quant à sa nécessité. Pour les tenants d'une dignité intrinsèque kantienne, la libération n'est pas une condition sine qua non à une fin de vie digne. À l'inverse, si l'on s'accorde à une vision moderne de l'autonomie et du bien mourir défini par l'expression d'une volonté propre, elle le devient. Quoi qu'il en soit, les soignants ne sont pas décisionnaires de l'octroi, mais participent au quotidien à une troisième voie. Le détenu mourant est particulièrement vulnérable. La maladie grave affecte de façon drastique l'identité et le mode de vie, facteurs d'individualisation déjà altérés par les années de détention. L'attention et la bienveillance des soignants participent à restaurer l'autonomie dégradée du patient au crépuscule de sa vie. Seule l'acceptation de notre responsabilité à l'égard de cet être certes transgressif peut promouvoir, plus que l'application de la loi, la défense de la dignité du détenu mourant. La version complète en français de cet article est disponible en ligne.