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2770235 Revue Française d'Allergologie et d'Immunologie Clinique 2008 11 Pages PDF
Abstract

RésuméL’œil impose au système immunitaire des contraintes d’efficacité et d’innocuité particulièrement exigeantes et contradictoires. Interface avec le monde environnant, il constitue avec ses annexes un compartiment muqueux de l’organisme de petite dimension, particulièrement exposé, mais apparemment peu vulnérable grâce à une multiplicité de moyens de défense : flore microbienne proche de celle de la peau ; clignement des paupières, flux continu du film lacrymal et composition complexe et variable de ce dernier qui doit être agressif à l’égard des microorganismes, mais protecteur et nutritif pour la cornée et de plus optiquement favorable ; et enfin tissu lymphoïde associé aux muqueuses caractérisé là par la production abondante d’IgA1 et d’IgD et d’anticorps naturels. À la fois vitre et ultime barrière, la cornée possède tous les éléments nécessaires à une réponse efficace, mais par leur distribution ou leur état basal, ne les utilisera qu’en dernier recours. L’œil est en effet aussi un instrument d’optique prolongeant le système nerveux central ; les vaisseaux doivent donc être absents de l’axe optique et toute inflammation comporte le risque d’être délétère. Le « privilège immunitaire » résulte localement du contrôle étroit exercé sur les cellules lymphoïdes et réactions immunitaires par l’exclusion moléculaire due aux barrières hémato-oculaires, une ambiance moléculaire inhibitrice et diverses interactions cellulaires pouvant générer apoptose ou cellules régulatrices. De plus, ce contrôle peut s’accompagner d’une réponse systémique caractérisée par une diminution de l’hypersensibilité retardée, une facilitation de la production d’anticorps ne fixant pas le complément et la génération de cellules T régulatrices spécifiques d’antigènes, un phénomène nommé « déviation immunitaire associée à la chambre antérieure de l’œil ». Cependant, la relative inaccessibilité de l’œil sain au système immunitaire pourrait rendre les mécanismes de tolérance immunitaire périphérique moins efficaces d’où une vulnérabilité particulière aux états auto-immuns et des autoanticorps antirétine dans des syndromes paranéoplasiques. L’œil est ainsi armé pour réagir, mais sa réponse est étroitement contrôlée et orientée ; les associations entre pathologies et systèmes HLA ou du complément sont aussi des clefs pour mieux comprendre les mécanismes moléculaires à l’œuvre.

The eye imposes limitations on the efficacy and safety of the immune system, which are particularly demanding and contradictory. In contact with the environment, it forms, with its appendages, a small organ which is particularly exposed but apparently not very vulnerable thanks to its various means of defence: a microbial flora similar to that of the skin; blinking of the eyes; the constant flow of lachrymal fluid, whose composition is complex and variable, making it aggressive against microorganisms but protective and nutritive for the cornea, and optically more favourable; and finally, mucosa-associated lymphoid tissue which is characterized by an abundant production of IgA1, IgD and natural antibodies. Both vitreous and a final barrier, the cornea has all the elements necessary for an effective response but as a result of its positioning and its resting state, the eye employs this barrier only as a last resort. The eye is also an optical instrument extending the central nervous system; its vessels must therefore not be connected to the optical axis as any inflammation risks being harmful to the nervous system. This “privileged immunity” is a result of local control of lymphoid cells and immune reactions by molecular exclusion due to hemato-ocular barriers, an inhibitory molecular environment and various cellular interactions that are capable of generating apoptosis and regulatory lymphocytes. In addition, this control can be combined with a systemic response characterized by diminished delayed hypersensitivity, facilitating the production of noncomplement fixing antibodies and the generation of antigen-specific regulatory T cells, a phenomenon called “immune deviation associated with the anterior chamber of the eye”. However, the relative inaccessibility of the immune system to the healthy eye can make the mechanisms of peripheral immune tolerance less effective and lead to a particular vulnerability to autoimmunity and antiretinal autoantibodies in paraneoplastic syndromes. The eye is thus armed to react but its response is closely controlled and oriented; the link between eye diseases and the HLA and the complement systems are also keys to a better understanding of the molecular mechanisms at work there.

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