Colonisation, identitarisme et clivages psychosociologiques

RésuméLa migration est le processus par lequel la planète s’est « peuplée » à partir d’un territoire-source vers un territoire-cible, créant par là même les « peuples ». La colonisation constitue un mécanisme fondamental qui correspond également à une volonté farouche d’enracinement du colon dans un territoire, c’est-à-dire d’autochtonie. Cette aspiration s’inscrit dans l’Imaginaire et non pas dans le Réel. En effet, à part l’Homo sapiens dont l’émergence est censée être produite dans une région d’Afrique, aucun peuple n’est autochtone, c’est-à-dire « surgi » du sol du territoire qu’il occupe. La colonisation participe aussi du Symbolique, dans la mesure où l’autochtonie ne s’obtient que par une rupture d’ordre psychanalytique d’avec le territoire-source des Pères, ce qui a généré les diverses guerres d’indépendance en Amérique latine. Le communautarisme est une conséquence de l’identitarisme, qui lui-même découle d’une dérive cognitive constituée par le transfert aux groupes humains de la notion d’identité qui concerne exclusivement les individus. La violence qui a marqué jusqu’à ce jour l’histoire d’Homo sapiens trouve son origine et ses motivations dans cet accident cognitif.

Migration is the process through which the planet was “populated” with movement from a source territory towards a target territory thereby creating “peoples”. Colonisation constitutes a fundamental mechanism, which also corresponds to the colonist's strong desire to take root in a territory, i.e. indigenousness. This aspiration falls within the realm of the Imaginary, not the Real. In fact, apart from Homo sapiens who are believed to have emerged from a region in Africa, no “people” is indigenous, that is, “sprung” from the ground of the territory they occupy. Colonisation also participates in the Symbolic, insofar as indigenousness is obtained only by a psychoanalytic rupture with the Fathers’ source territory, which has led to the various wars of independence in Latin America. Communitarianism is a consequence of identitarism which itself derives from a cognitive drift constituted by the transfer, to human groups, of the notion of identity, which concerns individuals exclusively. The violence that has marked the history of Homo sapiens even up to this day originates from, and is motivated by, this cognitive accident.