Article ID | Journal | Published Year | Pages | File Type |
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314065 | Annales Mdico-psychologiques, revue psychiatrique | 2014 | 6 Pages |
RésuméObjectifsLe but de cet article est de contextualiser le débat sur les névroses extraordinaires qui s’est tenu à la Société Médico-Psychologique au milieu du xixe siècle.Matériel et méthodesUne analyse des procès-verbaux des séances a été effectuée qui a permis de dégager certains thèmes et de les exposer en les rassemblant selon leurs contenus.RésultatsLa Société Médico-Psychologique a connu de grandes discussions ou débats qui ont jalonné son histoire. Parmi ces débats, celui sur les névroses extraordinaires n’a jusqu’ici suscité que peu de commentaires et mises en perspective. Ce qu’avaient choisi de mettre en débat les membres de la toute jeune Société, fondée en 1852, ne manquait pas du caractère « merveilleux » qui accompagnait en particulier les phénomènes les plus surprenants du magnétisme et du somnambulisme, naturel ou spontané, les plus controversés aussi. La question qui se pose est donc de savoir pourquoi l’attention des membres de la Société Médico-Psychologique a été attirée par des phénomènes sortant de l’ordinaire de la clinique ? L’introduction, par le médecin Laurent Cerise (1809–1869), du débat sur les névroses extraordinaires correspond en fait à la réintroduction du thème du somnambulisme magnétique et de son usage thérapeutique, alors même que son exclusion du champ de la science et de la médecine officielle a été prononcée dès 1842.ConclusionsLa discussion sur les névroses extraordinaires a bien été un de ces moments forts de confrontation entre différentes conceptions de la pathologie nerveuse encore entourée d’incertitudes et difficilement extraite de la sphère du magnétisme et du somnambulisme. « Extraordinaire » signifiait à la fois peu connu, spectaculaire, rétif à la médecine, mais signalait tout autant un au-delà des catégories habituelles de la perception et de l’intelligence, dans des performances extraordinaires du corps et de l’esprit reconnues depuis longtemps comme associées à certaines névroses et au somnambulisme magnétique. De fait, il était périlleux de pouvoir réfléchir sur l’extraordinaire de la névrose sans tomber dans le merveilleux du magnétisme. Cependant, le projet de Laurent Cerise, l’initiateur de la discussion sur les névroses extraordinaires, a permis de signaler que l’on peut faire un usage plus raisonné et surtout plus médical du rapport magnétique dans la thérapeutique des névroses les plus tenaces et les plus rebelles, selon ses propres termes. Il a aussi donné l’occasion à certains de soutenir que si les névroses sont des affections physiologiques, l’influence du moral sur leur survenue et leur marche n’est pas négligeable (deuils, violences intra-familiales, sexualité). Enfin, les cas exploités ont assez montré que le moi peut se diviser et les sujets névrosés avoir une double existence ou une existence double.
ObjectivesThe aim of this article is to contextualize the debate on extraordinary nevroses which has been held at the Société Médico-Psychologique in the mid of the nineteenth century.Materials and methodsAn analysis of the sessions’ records was conducted which allowed to identify some subjects and to expose them by depending on their content.ResultsThe Société Médico-Psychologique experienced great discussions and debates that have marked its history. Among these discussions, that the extraordinary neuroses has so far received little comments and perspectives. What the members of the young Society, founded in 1852, had chosen to debate did not fail the “wonderful” feature accompanying especially the most surprising phenomena of magnetism and somnambulism, natural or spontaneous, the most controversial also. The question that arises is why the attention of members of the Société Médico-Psychologique was drawn phenomena out of the ordinary clinic ? The introduction, done by the doctor Laurent Cerise (1809–1869), of the debate on extraordinary neuroses is actually corresponding to the reintroduction of the theme of magnetic somnambulism and its therapeutic use, even though its exclusion from science and official medicine was delivered in 1842.ConclusionsThe discussion of extraordinary neuroses has been one of those strong moments of confrontation between different conceptions of nervous pathology still surrounded by uncertainty and difficulty extracted from the sphere of magnetism and somnambulism. “Extraordinary” meant both little known, spectacular, restive medicine, but equally a reported beyond the usual categories of perception and intelligence, extraordinary performance in body and spirit recognized for as long associated with certain neuroses and magnetic somnambulism. That's why, it was dangerous to be able to reflect on the extraordinary neurosis without falling into the wonderful of magnetism. However, the Laurent Cerise's project, the initiator of the discussion of extraordinary neuroses, has pointed out that we can make more rational use of medical and especially more magnetic report in the therapeutics of the toughest and most neuroses rebels in his own words. He also gave an opportunity for some to argue that if the neuroses are physiological conditions, the influence of the moral on their occurrence and their work is not negligible (mourning, intra-family violence, sexuality). Finally, cases are exploited sufficiently shown that the “self” can be divided and neurotic subjects have a dual existence or double existence.