Transfert de tissu adipeux en reconstruction mammaire : y a-t-il des populations à risque ? Revue systématique de la littérature

RésuméSujet d’actualité mais également de controverse, le transfert de tissu adipeux autologue (TTA) dans le parenchyme mammaire est au cœur des préoccupations dans la prise en charge des reconstructions et adaptations mammaires après le cancer du sein. Cependant, cette technique fait toujours naître de nombreuses interrogations, notamment depuis les récents résultats d’étude in vitro mettant en garde sur le fait que le lipofilling favoriserait la récidive tumorale via une néoangiogenèse accrue ou la promotion de métastases. Au travers d’une revue systématique de la littérature sur le risque carcinologique et la surveillance radiologique menée de janvier 2010 à août 2014, nous avons essayé d’identifier les populations à risques de récidives après TTA. La méthodologie Prisma a été utilisée pour l’analyse des publications. Sur les sept cohortes de patientes analysées, soit environ 1500 procédures de lipofilling, les résultats sur le risque de récidive locale sont rassurants après un suivi moyen de 42 mois. Les résultats sont à interpréter avec prudence du fait de l’hétérogénéité de ces études. Cependant, les récidives ont été analysées en fonction des caractéristiques de la tumeur initiale et plusieurs d’entre elles mettent en garde sur des populations qui sembleraient plus à risque de récidive. Les études sur la surveillance radiologique après TTA mettent l’accent sur la nécessité de parfaitement maîtriser les images radiologiques induites par cette technique, bien que celle-ci semble peu interférer avec le dépistage radiologique des récidives locales. Afin de pouvoir délivrer une information claire aux patientes bénéficiant d’une reconstruction mammaire après le cancer du sein par lipofilling, des études prospectives ciblées sur les populations les plus à risques sont donc à promouvoir.

Safety of the autologous fat grafting (AFG) in the breast parenchyma remains a debated topic, particularly in reconstruction following breast cancer. This procedure still raises many questions, especially considering recent in vitro studies warning about the fact that lipofilling could promote tumor recurrence through increased neoangiogenesis, or facilitate metastasis. Through a systematic literature review on oncological risk and radiological follow-up, conducted from January 2010 to August 2014, we tried to identify populations at risk of recurrence after AFG. The study selection process was adapted from the Prisma statement. Out of the seven analysed patients cohorts, i.e. approximately 1500 AFG procedures, results on the risk of local recurrence appear reassuring after an average follow-up of 42 months. These results should be cautiously interpreted because of the heterogeneity of the studies. However, recurrences have been analysed based on the characteristics of the original tumor and many of them warn about population that seem more at risk of recurrence. Studies on radiological modifications after AFG emphasize the need for the radiologists to know the importance of radiological images induced by this procedure, however, AFG does not seem to interfere with radiological screening of local recurrence. In order to deliver clear information to patients receiving breast reconstruction by lipofilling, prospective studies focused on populations that seem to be most at risk of recurrence are required.