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908438 L'Évolution Psychiatrique 2015 16 Pages PDF
Abstract

RésuméObjectifComment orienter un retour de la subjectivité en psychiatrie selon une catégorisation des subjectivités individuelles et sociétales ?MéthodeGrâce à une synthèse critique de nos références francophones, anglophones et germanophones, nous discuterons l’évolution de la subjectivité dans la construction du diagnostic psychiatrique, afin de proposer des pistes d’évolutions cliniques et classificatoires.RésultatsÀ partir de la deuxième moitié du xxe siècle, plusieurs équipes scientifiques étudient les mécanismes mentaux construisant le diagnostic clinique dans l’esprit du praticien. Ces études dévoilent que la place de la perception subjective est centrale lors de la genèse diagnostique et que la fidélité interjuge des diagnostics est faible. Postulant un lien de causalité linéaire entre ces deux découvertes, quelques psychiatres de l’American Psychiatric Association se proposent de développer des diagnostics reproductibles en essayant de s’affranchir de leurs caractéristiques les plus subjectives. Vers l’objectif d’un diagnostic fiable, les références théorico-culturelles des cliniciens et l’intersubjectivité de la relation clinique sont frappées d’une stratégie d’évitement.DiscussionAu contraire de négliger la subjectivité individuelle et les références culturelles, le déni apparent des subjectivités ne résulte-t-il pas en réalité d’une subjectivité sociétale grandissante ? La volonté de s’affranchir à tout prix de ces subjectivités possède en fait une interrogation intrinsèquement subjective : il existe une subjectivité sociétale à vouloir gommer nos subjectivités. Grâce à l’exemple de la clinique du trauma et du stress, clinique paradigmatique de la question subjective exacerbée lors des conflits armés, nous étudions cette subjectivité sociétale à vouloir éradiquer la subjectivité individuelle.ConclusionsLa prise en compte de nos subjectivités individuelles et sociétales dans la définition de nos diagnostics cliniques et dans la conceptualisation critique d’une nouvelle nosographie nous semble fondamentale à l’avenir de la psychiatrie. Au-delà de classifications de maladies neuropsychiatriques qui pourraient être basées sur un minimum d’interactions subjectives de par la définition de biomarqueurs, toute souffrance psychique, même biologiquement influencée, ne saurait être réduite aujourd’hui à un dosage ou à un étalonnage.

ObjectiveHow can a return of subjectivity in psychiatry be channelled according to a categorisation of individual and societal subjectivities?MethodThrough a critical review of our French, English and German references, we will discuss the evolution of subjectivity in the establishment of a psychiatric diagnosis, in order to propose lines of clinical and classificatory development.ResultsSince the second half of the 20th century, several scientific teams have been studying the mental mechanisms involved in establishing a clinical diagnosis in the practitioner's mind. These studies have revealed that subjective perception plays a central role in the genesis of the diagnosis and that the interrater reliability of the diagnoses is low. Postulating a linear causal link between these two discoveries, a few psychiatrists from the American Psychiatric Association intend to develop reproducible diagnoses by trying to overcome their most subjective characteristics. Achieving the objective of a reliable diagnosis, the theoretical-cultural benchmarks of the clinicians and the intersubjectivity of the clinical relationship are prey to an avoidance strategy.DiscussionThe constructive determinants of this attempt to neglect individual subjectivity and the cultural references: in contrast to these presuppositions, this apparent denial of the subjectivities, is it not in reality the result of an increasing societal subjectivity? The will to overcome these subjectivities at all costs actually holds an intrinsically subjective question: a societal subjectivity exists seeking to erase our subjectivities. Thanks to the clinical example of trauma and stress, paradigmatic clinical of the subjective question exacerbated during armed conflicts, we studied this societal subjectivity seeking to eradicate individual subjectivity.ConclusionsTaking our individual and societal subjectivities into account in defining our clinical diagnoses and in the critical conceptualization of a new nosography to us seems fundamental for the future of psychiatry. Beyond classifications of neuropsychiatric illnesses, which could be based on a minimum of subjective interactions according to the definition of biomarkers, any psychological suffering, even biologically influenced, cannot today be reduced to a quantitative analysis or a calibration.

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