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908622 L'Évolution Psychiatrique 2015 12 Pages PDF
Abstract

RésuméObjectifLa dépersonnalisation est un syndrome protéiforme présentant une grande hétérogénéité conceptuelle et une grande homogénéité dans ses descriptions cliniques depuis la fin du 19e siècle. Ce vécu d’étrangeté est particulièrement fréquent à l’adolescence en raison des spécificités de cet âge riche en transformations sans pour autant qu’il ne soit le signe d’une entrée dans un processus psychotique. Nous allons montrer que la dépersonnalisation à l’adolescence est associée à une fragilité narcissique et à un traitement pulsionnel qui privilégie la dimension scopique en permettant un regard sur soi, permettant d’éviter une dislocation de la conscience de soi.MéthodeAu préalable, la dépersonnalisation sera présentée à partir de ses premières descriptions cliniques historiques, ses principales définitions et conceptions psychiatriques et psychanalytiques seront décrites. Ensuite, nous étudierons les particularités de la dépersonnalisation à l’adolescence et nous illustrerons ses spécificités à cet âge de bouleversement narcissique, de construction identitaire et de confrontation à la passivité. Nous illustrerons les particularités de la dépersonnalisation à cette période de la vie par la vignette clinique d’un adolescent de 15 ans.RésultatsLa dépersonnalisation à l’adolescence n’est pas systématiquement la manifestation d’une entrée dans une trouble schizophrénique, elle peut être la manifestation d’une fragilité du self dans sa constitution et sa délimitation et un achoppement dans l’unification et la perception d’une conscience de soi.DiscussionChez les adolescents fragilisés narcissiquement par la puberté, il existe une porosité des limites entre le monde interne et externe. La forte mobilisation de la pulsion scopique dans la dépersonnalisation signe la dissociation entre l’expérience vécue et le registre perceptif visuel, mais aussi une tentative d’appropriation somatopsychique du self. On observe ainsi la double potentialité de la dépersonnalisation à l’adolescence qui peut être l’expression d’une dislocation de la conscience et accompagner un envahissement hallucinatoire, mais qui peut à l’inverse, revêtir une dimension trophique permettant un renforcement des assises narcissiques, des limites entre sujet et objet dans un véritable travail d’appropriation de soi-même propre au passage de l’adolescence à l’âge adulte.ConclusionLa dépersonnalisation a fait l’objet de nombreux travaux au siècle dernier Ils soulignent son hétérogénéité conceptuelle contrastant avec une grande homogénéité des descriptions et du vécu qui l’accompagne. Le vécu de dépersonnalisation fréquent à l’adolescence en raison de l’importance des bouleversements qui l’accompagnent ne doit pas conduire systématiquement au diagnostic de psychose. Certes, l’importance de la dislocation de la conscience de soi et la massivité de l’exclusion de l’objet peuvent s’accompagner d’une émergence délirante, mais la dynamique trophique, la tentative de différenciation et d’appropriation de soi par la dépersonnalisation sont à soutenir à l’adolescence, notamment par un travail psychothérapique, conduit l’adolescent à une confrontation à ce « « je » qui peut être un autre », et l’engage dans un voyage à la rencontre de cet autre dont les retrouvailles peuvent en être l’issue heureuse et souhaitée.

AimDepersonalization is a syndrome with various symptoms that has been equally described in clinical approaches during the 19th century but yet unequally defined. This feeling of strangeness is particularly frequent during adolescence, a period characterized by the importance of transformations, without necessarily being the sign of the entrance into a psychotic process. We will demonstrate that depersonalization during the adolescence is associated with a narcissistic weakness and with a pulsional treatment that passes through the scopic dimension, enabling an introspection that prevents a dislocation of consciousness.MethodFirst, depersonalization will be presented on the basis of its original clinical descriptions: its main definitions along with its psychiatric and psychoanalytic conceptions will be presented. Then, we will study the particularities of depersonalization during adolescence and we will illustrate its specificities at this age of narcissistic confusion, identity construction, and confrontation with passivity. We will base our study on a 15-year-old's case.ResultsDepersonalization during adolescence is not necessarily the manifestation of an entrance into a schizophrenic disorder. It can be the embodiment of a fragility of the self in its construction and delimitation, and can also be a perturbation in the unification or a perception of consciousness.DiscussionAdolescents, narcissistically weakened by puberty, are usually concerned by a certain porosity between the inner and outer world. The strong mobilization of scopic drive in depersonalization shows the dissociation of the experience lived and its scopic perception, but also an attempt of a somato-psychical appropriation of the self. We can therefore notice the double potential of depersonalization during adolescence, which can be the expression of a dislocation of consciousness and appear with overwhelming hallucinations, but yet can also have a trophic connotation allowing the reinforcement of the narcissistic basis and the borders between subject and object in a true work of self-appropriation inherent in the course from adolescence to adulthood.ConclusionDepersonalization has been studied a lot during the past century. These works underline its unequal definitions and yet its equal interest in describing its experience. The experience of depersonalization, frequent during adolescence, must not be systematically diagnosed as a symptom of psychosis. Yet, the importance of dislocation of consciousness and the massiveness of the exclusion of the object can appear with a delirious emergence. However, the trophic dynamic, the attempt in differentiating and appropriating the self through depersonalization will be carried through during adolescence thanks to psychotherapy, and lead the adolescent to a confrontation with this “I, who can be someone else”, and beyond, to a meeting with this someone else in a desired and peaceful ending.

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