Identité sexuelle et schizophrénie : l’impossible intégration du féminin. Étude clinique et projective du fonctionnement psychique de trois femmes atteintes de schizophrénie

RésuméLes études françaises abordant la schizophrénie sous l’angle de la différence sexuelle sont rares. À travers l’approche clinique et projective de trois protocoles de Rorschach et de TAT de femmes atteintes de schizophrénie (simple, paranoïde et dysthymique), de 21, 35 et 60 ans, cet article étudie les points d’achoppement de la construction de l’identité sexuelle et particulièrement de l’organisation du féminin. L’investissement du corps féminin, des identifications sexuelles secondaires et de l’identification à l’imago maternelle sont successivement abordés en s’appuyant sur les éléments cliniques tirés des protocoles de Rorschach et de TAT des trois participantes. Cette étude vient montrer comment les difficultés d’intégration de l’analité, de la passivité et de l’identification à la figure maternelle viennent signer un refus d’identification au féminin ; refus qui est à comprendre comme une négation du lien libidinal à l’objet. Il apparaît ainsi que l’identité et l’identité sexuelle semblent inextricablement intriquées. Les identifications sexuelles apparaissent donc intimement liées à la constitution d’assises narcissiques solides. Cependant, s’ils ne sont pas structurants pour le fonctionnement psychique, ces éléments organisateurs du féminin apparaissent présents dans la psyché marquée par la psychose.

There are very few French studies that look at schizophrenia from the angle of sexual difference. Using the clinical and projective approach offered by Rorschach and TAT tests of three female schizophrenic patients (simple, paranoid and dysthymic) aged 21, 35 and 60, this article studies stumbling blocks in the construction of the sexual identity and in particular, the organisation of the female identity. The investment of the female body, secondary sexual identifications and the identification with the maternal imago are successively examined on the basis of clinical elements drawn from the three participants’ Rorschach and TAT tests. Our study shows how failure to come to terms with anality, passivity and identification with the maternal figure leads to refusal to identify with the female identity. This refusal should be taken as a negation of the libidinal link with objects. This implies that identity and sexual identity are inextricably linked. Sexual identifications appear to be intimately linked to the constitution of solid narcissistic foundations. However, while they may not be defining for psychic functioning, these underlying elements of the female identity would appear to be present in psyches marked by psychosis.