Article ID | Journal | Published Year | Pages | File Type |
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909024 | L'Évolution Psychiatrique | 2008 | 17 Pages |
RésuméLes rapports historiques entre la phénoménologie génétique husserlienne et la psychiatrie phénoménologique, issue de Binswanger, ont été récemment actualisés. Une philosophie du corps y prend tout son sens, fondée sur la distinction entre Leib et Körper. La chair devient le point source d’une genèse, de l’expérience an-égoïque, par lesquelles la subjectivité et l’intersubjectivité se constitueront. Les études phénoménologiques contemporaines (É. Escoubas, N. Depraz, M. Richir), centrées sur la phénoménologie génétique, autorisent une relecture de Binswanger en accord avec les recherches psychiatriques (W. Blankenburg, A. Tatossian). La clinique montre comment l’expérience de la chair s’exprime dans l’expérience délirante, comme si les psychoses réalisaient empiriquement une mise à nu des structures transcendantales en voie de constitution ou de dissolution. Les synthèses passives d’ordre temporel, en deçà de la distinction sujet–objet, émergent à travers les défaillances. Une analyse différentielle entre la philosophie phénoménologique et la psychiatrie est alors possible. La description phénoménologique suppose une méthode réflexive opérant une réduction de l’expérience naturelle ; la description clinique tente de saisir les phénomènes psychotiques comme une expérience de la nature, selon l’expression de Binswanger. Cette double perspective confirme le primat d’une dimension anthropologique. La question du corps, telle que la pose la psychiatrie phénoménologique, se développe en fonction d’un continuum signifiant où s’intègrent les variations entre la biologie, la psychologie et l’anthropologie. La phénoménologie assume et prend en charge cette complexité.
Historical links between genetic phenomenology and phenomenological psychiatry stemming from Binswanger's works have recently been updated. As a consequence, a philosophy of body based upon the distinction between Lieb (lived body or flesh) and Körper (physical body), becomes genuinely meaningful. The flesh (chair) becomes the root source of a genesis, of the an-egoïcal experience, upon which subjectivity and intersubjectivity will be founded. Contemporary phenomenological studies (É. Escoubas, N. Depraz, M. Richir), focusing on genetic phenomenology, allow for a new approach of Binswanger's works in line with psychiatric research (W. Blankenburg, A. Tatossian). Clinical studies show how the experience of flesh expresses itself through delusional experience, as if psychosis empirically catalyzed the unveiling of forming or dissolving transcendental structures. The passive syntheses of temporal order, anterior to the subjec–object distinction, emerge through failures. Thus a differential analysis between phenomenological philosophy and psychiatry becomes possible. A phenomenological description assumes a reflexive framework through the reduction of the natural experience; the clinical description, in Binswanger's words, tries to grasp the psychotic phenomena as a nature's experience. This double viewpoint confirms that the anthropological dimension takes precedence. The question of body, in phenomenological psychiatry's perspective, evolves in relation to a continuum where variations between biology, psychology and anthropology merge. Phenomenology acknowledges and assumes this complexity.