Article ID | Journal | Published Year | Pages | File Type |
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909147 | L'Évolution Psychiatrique | 2006 | 11 Pages |
RésuméNous avons recueilli des données lors d'une recherche ethnographique d'un an au sein d'une équipe de travailleurs pairs, dans la ville de New Haven (États-Unis). Nous proposons, à partir de cette expérience, une approche phénoménologique de la relation thérapeutique en étudiant trois types de relations que des catégories professionnelles distinctes (psychiatre, anthropologue, travailleur pair) entretiennent avec ces personnes à la fois malades et sans chez-soi. Du fait des interactions souvent problématiques des personnes sans chez-soi avec les institutions, dans le travail de rue la difficulté est d'abord de créer une relation de confiance, dont la construction peut être longue et chaotique. Parce qu'ils les ont éprouvés, les pairs connaissent à la fois le contexte de la rue, la condition de sans chez-soi et l'expérience de la maladie. Cette dernière comprend non seulement le fait d'avoir été l'objet d'une catégorisation psychiatrique mais aussi les conséquences de celle-ci, l'interaction avec les institutions en tant qu'usager, et surtout l'expérience d'un processus avancé de recovery. Ils possèdent une compétence singulière qui permet d'améliorer l'accès aux soins de ces personnes. La question de la bonne distance thérapeutique est revisitée par le travail des pairs. Valoriser ce savoir expérientiel par la professionnalisation des pairs est un acte de reconnaissance d'un capital culturel singulier et de démocratie sanitaire.
Data was gathered in the course of a one-year ethnographic study with a team of peer outreach workers, in the city of New Haven (U.S.A.). On the basis of this experience, we propose a phenomenological approach to the therapeutic relationship, by studying three types of relations linked to distinct roles (psychiatrist, anthropologist, peer worker) held when encountering persons who are homeless and ill. Because of the often-problematic interactions that homeless persons experience with institutions, the first problem faced in street work is to build a relationship of trust, which takes time and may be chaotic. Peer workers are familiar, from their personal experience, with the street context, the condition of homelessness and the experience of illness. This latter includes not only the fact of having been the object of psychiatric categorisation, but also the consequences; the interaction with institutions as a consumer; and especially the experience of an advanced process of recovery. Peer workers posses a unique skill that allows them to improve access to these persons. The question of the ideal therapeutic distance is revisited by these peers. To validate this experiential knowledge is to recognize both a unique form of cultural capital and health democracy.