Le médecin, le patient, la société et la fin de vie : de quel droit est-il question ?

RésuméLa demande et le désir de mort font l’objet d’un débat récurrent en France. Il en est de même pour l’euthanasie. Les auteurs essaient de repérer les arguments des patients comme ceux qu’ils construisent par un travail de réflexion sur leur pratique médicale. Plus qu’un droit à mourir les auteurs proposent un droit de la personne mourante et recommandent de développer et généraliser la compétence en médecine palliative. Cependant, le développement de la médecine palliative ne résoudra pas tous les problèmes, pas plus qu’une loi. La réflexion éthique est absolument indispensable tout comme une collégialité. Dans le même temps, la question du suicide assisté et de la participation des professionnels de santé est régulièrement discutée en France. Ce travail de réflexion est basé sur l’expérience de praticiens de médecine palliative et de médecine de la douleur pédiatrique et adulte. Les auteurs proposent de poser objectivement le problème et d’explorer la façon dont ils tentent de penser leur pratique auprès des personnes en fin de vie. L’assistance au suicide par un médecin peut être une attente exprimée par la personne. Cette demande interroge la notion de prendre soin, exprime une souffrance majeure vécue comme insupportable par la personne. Les auteurs proposent d’analyser la demande et les souffrances exprimées et convoquent la part d’incertitude persistante dans ces situations. Les auteurs pensent que la question du suicide assisté n’est pas une question médicale mais une question sociétale. La pratique médicale est pragmatique et cherche avant tout à soulager une grande partie des souffrances, par exemple avec une démarche palliative appropriée. Face à la question du suicide assisté, le médecin est un citoyen comme les autres. Son expertise technoscientifique se limite à prendre soin du patient en association avec son souci de l’autre. Le débat français sur le suicide assisté comme l’euthanasie est marqué par une part d’idéologie et une part d’expression d’un désir de « maîtrise ».

SummaryAsking for a help to die and wish of death are frequently discussed in France. Euthanasia is also regularly in debate. The authors try to spot the patient's argument as those that they built with a reflexion work about their medical practice. More than a right to die, the authors propose a right of the dying person and recommend developing and generalizing the competence in palliative medicine. However, the development of palliative medicine will not be enough to resolve all the problems; no more a law will. An ethical reflexion is absolutely essential just like collegiality. At the same time, medically-assisted suicide is regularly discussed. This thought work is based on a pediatric and adult palliative medicine and pain medicine practitioners’ experience. The authors propose to analyse objectively the problem and to explore the way they perceive their practice regarding people at the end of their life. Assisted suicide by a medical doctor may be an expectation, which is expressed by the person. This expectation questions the “taking care” notion and expresses a suffering, which is felt as unbearable by the person himself. The authors propose to analyze the expectation, all the suffering which are expressed and question the part of persistent uncertainty in these situations. The authors consider that the question of assisted suicide is not a medical question but a societal one. The medical practice is pragmatic and tries to relieve as much suffering as possible, for example by using a palliative and accompanying approach, which is appropriate. When confronted with assisted suicide question, the medical practitioner is a citizen like all others. His (or her) techno-scientific expertise is limited to taking care of the patient with a real concern for the human being (to be meticulously for the other). The French debate about assisted suicide or about euthanasia is affected with a part of ideology and a part of expression of a wish of “control”.