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1097692 Ethics, Medicine and Public Health 2015 9 Pages PDF
Abstract

RésuméNous allons traiter ici d’une forme de mal/traitance qui est d’ailleurs sans doute en partie responsable des mauvais traitements dont sont victimes un certain nombre de personnes dites âgées, c’est la mauvaise façon dont a été traitée et est traitée aujourd’hui encore, en France, la question des personnes âgées. Dans cette acception de la mal/traitance, le verbe traiter signifie examiner, aborder un sujet, soumettre quelque chose (un objet) à la pensée en vue de l’étudier. Il s’agit donc ici d’aborder la mal/traitance du sujet âgé, non pas en tant qu’être physique ou être vivant, mais comme sujet au sens de matière soumise à l’esprit, à la pensée, ce sur quoi on élabore une réflexion. La mal/traitance dont nous allons parler tout au long de cet article est donc, pour nous, la mauvaise façon dont la société française a posé depuis pas mal d’années la question des personnes âgées et notamment la façon dont, aujourd’hui encore, on envisage le groupe personnes âgées quasi uniquement comme posant problème à la société. Notre interrogation est la suivante : ne ferait-on pas fausse route en se focalisant sur les mauvais traitements dont sont victimes, à l’évidence, un certain nombre de personnes dites âgées, mais pas seulement elles d’ailleurs, alors que la mal/traitance fondamentale exercée à l’encontre de cette population est d’avoir fait croire et de continuer à faire croire que les « personnes âgées » posent problème d’une façon générale à la société dans laquelle elles vivent. Nous allons développer cette réflexion suivant deux axes : d’abord, revenir sur cette représentation du groupe « personnes âgées ». En effet la première pierre de cette mauvaise analyse de la question des « personnes âgées » est de faire croire que la définition de ce groupe va de soi et que de plus les « personnes âgées » forment un groupe social homogène au point que notamment les journalistes mais aussi les politiques parlent des « personnes âgées », sans juger utile de dire de qui ils parlent… Ensuite, nous analyserons comment les politiques publiques de la vieillesse instituées en France, en 1962, ont accentué cette idée de la réalité d’un groupe personnes âgées posant problème à la société et menaçant son avenir… En conclusion, on peut craindre qu’une société qui raisonne en termes de classes d’âge, de luttes entre les générations et de poids démographique des « personnes âgées » ne soit dangereuse pour le maintien de la cohésion sociale, fondement de toute société et des individus qui la composent. Une « société pour tous » passe d’abord par une lutte sans merci contre les inégalités sociales en tout genre et par exemple par l’accès à tous les âges à l’emploi ou à une activité créatrice, facteurs majeurs de socialisation. On peut penser que la thématique « éducation-formation-emploi-activité » à tous les âges de la vie est une des clés de la transformation de la société française qui a été très mal prise en compte jusqu’à maintenant. En définitive, l’assignation à comportement d’âge est une négation complète de la singularité et de l’essence même de l’être humain. Combattons donc sans relâche cette catégorisation et cette police des âges, facteurs de ségrégation sociale et de réification des individus.

SummaryHere, we treat a form of (mis)treatment that also undoubtedly provides a partial explanation of the abusive treatment endured by certain individuals in what is labelled the old-age population, i.e. the wrong way the question of old age was (and still is) treated in France. If we look at (mis)treatment in this manner, the verb to treat means to examine, to scrutinise, to submit something (an object) to thought so it can be studied. Consequently, the old person being mistreated is seen not as an individual person, a living human being, but rather as an object under study around which reflection is elaborated. The (mis)treatment we discuss in this article is the way in which French society, in our opinion, has wrongly looked at the question of old age for many years, still considering today the elderly population almost exclusively as a burden for society. Our question is the following: aren’t we off course when we focus our attention on cases where so-called old people, among others, are victims of abusive treatment whereas the fundamental (mis)treatment of this population is to (mis)believe that old-age individuals constitute a problem for the society in which they live? We develop this train of thought along two tracks: first, we take a second look at this representation of the “old-age” group. The first element of this erroneous analysis of the old-age question is to misbelieve there is an obvious definition of this group, and moreover that old age is sufficient to categorise a homogeneous social group so news reporters (and policy makers) can talk about “old people” without thinking they need to explain what they are talking about. We then analyse how public policies concerning the elderly instituted in France in 1962 have accentuated the idea that the old-age group is a problem threatening the future of society. In conclusion, there is a real risk that reasoning in terms of age groups, generational conflict, and demographic burden of old age has a deleterious impact on social cohesion, so fundamental not only to society itself but also to the individuals making up society. “Society for all” implies, first and foremost, striving to overcome social inequalities of all sorts – for example, equal access to employment or creative activity for all ages, recognised factors of socialisation. Up to now, little attention has been given to this thematic of education-training-employment-activity for all ages, a key element necessary for the transformation of French society. In summary, assigning a given behaviour to a given age group is in complete negation of the singularity and even the essence of human nature. We must continue our fight against this categorisation and this age police, factors leading to social segregation and reification of individual human beings.

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