Commotion cérébrale du sportif de haut niveau. Étude prospective de 211 cas pris en charge en consultation spécialisée

RésuméLa commotion cérébrale au cours de la pratique sportive est mal connue bien que fréquente et reste peu déclarée. Ce traumatisme entraîne une altération immédiate et transitoire des fonctions neurologiques suivie d’un syndrome post-commotionnel de durée variable. Devant le risque de survenue de maladies neuro-dégénératives liées à la répétition des commotions, les auteurs ont, en 2009, institué une consultation spécialisée dévolue à sa prise en charge afin de mieux appréhender le phénomène, rechercher les éléments de pronostics péjoratifs, mais aussi élaborer un protocole et des critères permettant une reprise de l’activité traumatique dans les meilleures conditions. Deux cent onze sportifs ont consulté dont 168 hommes et 43 femmes. Le sport le plus représenté était le rugby avec 166/211 joueurs (78,7 %) ; 126/211 (59,7 %) patients avaient déjà fait au moins une commotion. Parmi ces 211 sportifs, 132 ont consulté à deux reprises et sont venus lors de la première consultation au maximum quatre jours après la commotion. Le diagnostic a été évoqué sur l’aire de jeu, le plus souvent devant une amnésie ou une perte de connaissance. Cent six sur deux cent onze (50,2 %) des joueurs sont sortis immédiatement après la commotion. Pour le syndrome post-commotionnel (SPC), le signe fonctionnel le plus fréquent était la céphalée 170/211 (80,6 %). L’âge (moins de 20 ans), le sexe féminin, les antécédents récents de commotion constituaient des facteurs péjoratifs quant à la durée du syndrome post-commotionnel et au retour à la compétition. La présence d’une perte de connaissance, d’une amnésie antérograde ou rétrograde, le nombre de commotions dans les antécédents n’avaient, en revanche, pas d’influence sur ces deux paramètres. Nous pensons que la consultation spécialisée à moins de quatre jours après la commotion permet de diminuer la longueur du syndrome post-commotionnel, notamment du fait d’une bonne éducation et d’une meilleure prise en charge thérapeutique.

Sports-related brain concussion is not well known despite its frequency. Few cases are reported. Brain concussion leads to an immediate transient alteration of the neurological functions followed by a post-concussion syndrome of variable duration. Due to the risk of neurodegenerative disease related to repeated concussion, we created a specialized outpatient clinic devoted to sports-related brain concussions in order to better apprehend the phenomenon, to search for factors predictive of unfavorable outcome, and most importantly to elaborate a protocol and a set of criteria for determining the moment the incriminated activity can be resumed under good conditions. The cohort included 211 athletes who attended the specialized outpatient clinic, 168 men and 43 women. The largest number of patients were rugby players (n = 166, 78.7%). Among the 211 athletes, 126 (59.7%) had already had one concussion and 132 attended the clinic twice, at most four days after the concussion. The diagnosis was considered on the playing field, generally because of the presence of amnesia or loss of consciousness. Among the 211 athletes, 106 (50.2%) left the field immediately after the concussion. For the post-concussion syndrome, headache was the most common functional sign (170/211, 80.6%). Age (< 20 years), female gender, and recent history of a brain concussion were factors predictive of poor outcome as measured by the duration of the post-concussion syndrome and delay before returning to the sports activity. Loss of consciousness, anterograde or retrograde amnesia, and the number of episodes of prior brain concussion did not have any impact on the duration of the post-concussion syndrome and delay before returning to the sports activity. In our opinion, a specialized outpatient clinic visit less than four days after the concussion can help reduce the length of the post-concussion syndrome, mainly resulting from good patient education and better therapeutic management.