Risques psycho-sociaux à l’hôpital : illustrations cliniques et réflexions autour de la place d’un idéal de soin chez les soignants

RésuméLa pratique clinique du soin dans un hôpital général expose parfois les professionnels de santé à des situations qui, par leur caractère dramatique et exceptionnel, viennent les bousculer tant sur un plan individuel que collectif. Leur souffrance relève ici moins de ce qui serait du registre du concept moderne de risques psycho-sociaux, que de celle émergeant d’une confrontation à un évènement potentiellement traumatique. Sur un plan individuel, en raison de leur positionnement subjectif par rapport à leur activité professionnelle, de leur place singulière dans la situation clinique rencontrée, ou du fait de leur histoire personnelle. Sur un plan collectif, en venant éprouver le fonctionnement quotidien du service par la mise en tension de la pratique habituelle, des règles instituées, battues en brèche par la dimension inédite et imprévisible de l’événement. Trois événements ayant concerné des services cliniques de l’établissement justifieront une intervention psychologique dans l’après-coup, laquelle visait à offrir aux équipes soignantes une possible dialectisation d’une expérience difficilement formulable en tant que telle sur un plan institutionnel. La question de la mort, au-delà de l’échec de la démarche de soin qu’elle signifierait, semblait occuper une place centrale au sein des questionnements et de la souffrance des soignants, en venant remettre douloureusement en cause un idéal de soin à la vertu usuellement protectrice.

Clinical practice of care in a general hospital sometimes exposes health professionals to situations which disturb them both individually and collectively, due to their dramatic and exceptional features. Trouble belonging less to the concept of psychosocial risks, than to the suffering emerging from the confrontation with a potentially traumatic event. At an individual level, because of their subjective position in relation to their work, their singular place in the clinical encountered situation, or because of their personal history. At a collective level, by testing the daily functioning of the unit and undergoing the usual practice, the established rules, exceeded by the new and unpredictable dimensions of the occasion. Three events have affected clinical wards of our institution and have required in the aftermath a psychological intervention, which was looking for providing the opportunity for the health care teams of a dialectization of an ineffable experience at an institutional level. The question of death, beyond the failure in the process of care it could have meant, seemed to occupy a central place in the questions and sufferings of caregivers, by challenging in a painful way a usual protective ideal of care.