La pathohypocondrie et la solution hypocondriaque après la maladie cancéreuse

RésuméÀ partir de l’œuvre de Ferenczi sur les pathonévroses ainsi que de l’expérience clinique auprès de patients atteints de cancer, une étude du terme « pathohypocondrie » est envisagée dans cet article. Cette manifestation clinique consiste en l’apparition de préoccupations hypocondriaques après une lésion organique consécutive soit à une affection organique, soit à un traumatisme physique. Après avoir tenté de décrire la manifestation clinique en question, une compréhension de celle-ci est proposée : la pathohypocondrie contribuerait à la réintégration psychique du corps et correspondrait à une resymbolisation élémentaire du corporel. D’un point de vue économique, elle serait une espèce de réponse face à l’excès des excitations sur l’organe malade, réponse effectuée grâce au déplacement des investissements du point corporel malade à un autre point du corps qui est malade au niveau fantasmatique. Dans le cas clinique présenté d’une femme atteinte d’un cancer des ovaires, le travail psychique, fondamental dans ce cadre, de la mise en sens psychique du symptôme somatique s’effectue sur la base de l’apparition de l’hypocondrie. L’hypocondrie constitue une solution après le cancer, car elle s’oppose à la peur de la métastase, via la restriction locale du mal qu’elle offre mais aussi parce qu’elle permet le déni de la castration, par le biais de la substitution fantasmatique de l’organe perdu par l’organe hypocondriaque. Elle offre enfin la possibilité d’enclaver à jamais dans le corps l’objet perdu afin que celui-ci s’y maintienne vivant.

Drawing on Ferenczi's work on patho-neuroses and on the clinical experience with cancer patients, the author presents a study of the term “patho-hypochondria”. This clinical manifestation consists in the appearance of hypochondriacal preoccupation after an organic lesion caused either by an organic disease or by a physical trauma. After an initial description of the clinical manifestation in question, a way of understanding it is also suggested: patho-hypochondria contributes to the psychic re-integration of the body and forms part of an elementary resymbolisation of the bodily. From the economic point of view, patho-hypochondria would probably be a kind of response to the excess of excitation on the suffering organ through the displacement of the investment from the suffering part to another part of the body, which is fantasmatically ill. In the clinical case presented concerning a woman with ovarian cancer, the fundamental work of giving psychic meaning to the organic symptom is realized through the emergence of hypochondria. Hypochondria constitutes a solution after cancer, for it addresses the fear of metastasis by allowing for the local restriction of evil, but also because it enables the denial of castration through the fantasmatic substitution of the lost organ by the hypochondriac organ. Finally, it offers the possibility of permanently encapsulating the lost object in the body, in order that this object is kept alive inside it.