Les pratiques d’enseignement dans l’université de masse : les premiers cycles universitaires se scolarisent-ils ?

RésuméCet article cherche à caractériser les pratiques des enseignants dans les premiers cycles universitaires généraux, alors que s’accentue la dualisation du système d’enseignement supérieur et que se multiplient les injonctions à la diminution des indicateurs d’échec. Après avoir présenté les notions de formes scolaire et universitaire comme modèles possibles du rapport pédagogique, nous éprouvons, à partir d’une enquête de terrain, l’hypothèse d’une scolarisation des diplômes d’étude universitaire généraux (DEUG) au début des années 2000. Il existe bien des tendances à la scolarisation, dont nous décrivons les manifestations généralisées (comme la psychologisation des pratiques) et les variations selon les disciplines. Ces tendances demeurent cependant superficielles et peu efficientes ; elles se superposent à une forte orientation vers la recherche et la reproduction du corps scientifique. C’est ainsi finalement en envisageant le premier cycle comme une phase de latence que les universitaires y déploient leur activité pédagogique.

The practices of faculty members who teach courses during the freshman and sophomore years in universities are described at a time when the French system of higher education is becoming more dualistic and when we increasingly hear that the indicators of academic failure—especially high during these 2 years—must be brought down. After presenting the concepts of a “scholastic” and an “academic” transmission of knowledge and teacher-student relationship, a survey in the field is used to test the hypothesis of a “scholarization” of the diploma (DEUG) obtained after these 2 years. There are, indeed, trends toward this “scholarization”, which is described: both its generalized expressions (for instance, the psychologization of practices) and its variations by discipline. However, they are still superficial and not very effective. They are superposed on a strong orientation toward research and the reproduction of researchers. Ultimately, members of the faculty teach while considering that the first 2 years of higher education correspond to a phase of latency.