Syndicalisme et délitement du salariat artistique : la CGT et les groupes mobilisés autour du régime de l’intermittence

RésuméDans un contexte de forte croissance morphologique et d’intenses luttes sociales relatives au régime de l’intermittence, cet article souligne les difficultés que rencontre la Confédération générale du travail (CGT) pour organiser les artistes et techniciens des secteurs du spectacle (cinéma, théâtre, etc.). Ce syndicat se heurte à de larges fractions de jeunes professionnels qui ignorent les règles et les normes caractéristiques du salariat qu’elles ne considèrent plus comme des biens collectifs. Inscrites dans des petites structures de production, ces fractions privilégient la dimension vocationnelle de l’activité, valorisent l’hyperflexibilité du travail artistique, effacent les distinctions employeurs/salariés et tendent à nier les spécificités des métiers et de leurs qualifications au profit d’un ensemble flou de compétences.

In a context of strong growth and intense social struggles related to the employment conditions of media industry worker on short-term contracts in France, attention is drawn to the difficulties that the Confédération générale du travail (CGT) has had organizing performers and stage hands in show business (cinema, theater, etc.). This labor union must deal with a large number of young professionals who pay no mind to the rules and norms related to wage-earning and no longer consider them to be a common good. Working in small groups that produce shows, these professionals regard their occupation as a vocation, value the hyperflexibility of their working conditions, pay scant attention to the distinction between employer and employees, and tend to deny the specific characteristics of their jobs and skills while referring, instead, to a blurry set of qualifications.