Le travail vu par les assistés : éléments pour une sociologie des politiques d’insertion

RésuméCet article vise à clarifier les relations de l’assistance et du travail du point de vue des usagers de l’assistance pris en charge dans le cadre de politiques d’insertion. À partir d’un matériau recueilli lors d’enquêtes menées par entretiens semi-directifs (70) auprès d’allocataires du revenu minimum d’insertion (RMI) ayant un contrat d’insertion en cours de validité dans trois collectivités territoriales franciliennes entre 2005 et 2007, il montre que leurs relations au travail sont différenciées et procèdent de relations à la norme d’autonomie, de résistances au stigmate et à la culpabilisation distinctes car en grande partie dépendantes des caractéristiques sociodémographiques et des parcours des publics très hétérogènes du RMI. Trois types de relations à l’insertion sont ainsi repérés qui permettent une vérification empirique du postulat de la difficulté des catégories les moins dotées à s’approprier la norme d’autonomie individuelle dont la diffusion est aujourd’hui généralisée.

The relations between “assistance” and “work” are seen from the viewpoint of the beneficiaries of welfare services for integrating them in the world of work. Material was collected during 70 semi-directive interviews with recipients of the minimal welfare payment program (RMI) who had valid “contracts of integration” in three local authorities in the Île-de-France region between 2005 and 2007. The relations of these persons to work differ as a function of their attachment to the norm of autonomy, their resistance to stigmatization and their guilt feelings. They very much depend on beneficiaries’ sociodemographic characteristics and quite diverse backgrounds and itineraries. Three types of relations to the world of work have been detected that enable us to empirically verify the postulate that the most disadvantaged categories have difficulty appropriating the currently widespread norm of individual autonomy.