La rationalité de l'incohérence en conversation schizophrène (Analyse pragmatique conversationnelle et sémantique formelle)

RésuméNous partons de travaux maintenant bien connus en pragmatique, en linguistique et en psychologie de la communication qui définissent les troubles de la pensée chez les schizophrènes compte tenu de leur intrication à certaines propriétés du langage, du discours et de la conversation. Mais nous constatons que ces mêmes travaux sont dans l'incapacité de représenter la rationalité cognitive de l'incohérence. Nous construisons une méthodologie d'analyse nouvelle, adaptée aux propriétés dynamiques des séquences d'interaction verbale qui constituent le contexte naturel d'expression du trouble. Celle-ci associe une théorie de la représentation du discours (la DRT) à divers aspects de l'analyse pragmatique conversationnelle. Nous montrons qu'en s'adaptant ainsi à la discontinuité de l'interaction verbale, un tel modèle est susceptible de mettre au jour les processus de pensée qui distinguent l'interlocuteur schizophrène de l'interlocuteur « normal » ; et de décrypter le mécanisme dialogique, probablement en partie archaïque, qui assure le maintien de l'échange malgré la défaillance.

We base on well known researches in pragmatics, linguistics and psychology of communication who define the schizophrenics troubles of thought according to their intrication with some properties of language, discourse and conversation. But we observe that those researches fail to represent the cognitive rationality of incoherence. We prepare a new method of analysis which takes the dynamical properties of verbal interaction sequences into account that constitute the natural context of the trouble's expression. This method connects a discourse representation theory (DRT) to aspects of pragmatics and conversational analysis. In the way we make such a model suitable to discontinuity in verbal interaction, we show it is possible 1) to describe the specific processes of thought of the schizophrenic speaker and “normal” and 2) to decipher the dialogical mechanism, probably in part archaic, which maintains the exchange despite disturbances.