Étude de la décision d’immunothérapie spécifique dans 3 pays du Maghreb pour des patients atteints de rhinite et/ou asthme avec sensibilisation allergique

RésuméL’objectif de cette étude est de mettre en évidence les critères qui permettent de poser ou non l’indication d’une immunothérapie spécifique (ITS). Il s’agit d’une étude prospective réalisée du 1er septembre au 15 décembre 2013 dans 3 pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie). Les médecins participants ont procédé au recueil des données chez des patients présentant une rhinite et/ou un asthme allergiques. Au total, 21 médecins allergologues ont participé à cette étude et ont inclus 629 (61 %) patients du Maroc, 237 (23 %) de Tunisie et 165 (16 %) de l’Algérie. La prise de décision d’ITA a été supérieure en Algérie (78,1 %) par rapport à la Tunisie (65,4 %) et au Maroc (63,3 %) ainsi que chez les enfants et les adolescents par rapport aux adultes. La voie sous-cutanée a été privilégiée dans les 3 pays dans 82 % des cas et les extraits d’acariens utilisés dans 96 % des cas. Les principales raisons d’instauration de l’ITA étaient la présence de symptômes non contrôlés par les traitements usuels (58,9 %), un retentissement des symptômes d’allergie sur la qualité de vie (56 %), une éviction insuffisante (47 %) et un risque d’aggravation (44,4 %). Les principales raisons de non-instauration de l’ITA étaient une plainte symptomatique insuffisante (40,4 %) et une mauvaise observance prévisible (32,1 %). En conclusion, on peut retenir de cette étude maghrébine que les critères intervenant dans la décision d’instaurer une désensibilisation sont essentiellement cliniques : symptômes non contrôlés par une thérapeutique adéquate (décision de traitement) et plainte symptomatique insuffisante (décision de non-traitement). L’immunothérapie sublinguale est encore peu utilisée au Maghreb (Maroc et Tunisie), à cause de son coût ou de sa non-disponibilité (Algérie). Les autres critères de décision semblent se rapprocher de ce qui est pratiqué en Europe.

The purpose of this study was to highlight the criteria for the indications of specific allergen immunotherapy (SAI). It was a prospective study carried out from September 1 to December 15, 2013 in three Maghreb countries (Algeria, Morocco, and Tunisia). Twenty-one participating allergists collected data on patients with rhinitis and/or asthma; 629 (61%) of the patients were in Morocco, 237 (23%) in Tunisia and 165 (16%) in Algeria. The frequency of a decision to administer SAI was greater in Algeria (78.1%) than in Tunisia (65.4%) and Morocco (63.3%), and it was also greater in children and adolescents compared to adults. Subcutaneous immunotherapy was prescribed more often – in 82% of the cases – in the 3 countries, and mite extracts was used in 96% of the cases. The main reasons for prescribing SAI were the presence of symptoms not controlled by the usual treatment (58.9%), an impact of the symptoms on the patients’ quality of life (56%), insufficient avoidance (47%) and a risk of worsening (44.4%). The main reasons for not prescribing SAI were insufficient symptomatic complaints (40.4%) and predictable poor adherence (32.1%). In conclusion, this North African study demonstrates that the decision to prescribe SAI is essentially clinical: symptoms, which are not controlled by adequate therapy (decision to treat) and insufficient symptomatic complaints (decision not to treat). Sublingual SAI is still little used in Morocco and Tunisia because of its cost and because of its unavailability in Algeria. The other criteria for prescribing SAI seems close to those practiced in Europe.