Femmes psychotiques et maternité : quels risques pour l'enfant ?

RésuméDésir d'enfant dans les états psychotiques, quels risques pour l'enfant ? Sont ici posées deux questions de registres fort différents. Lorsque les malades mentaux expriment le désir d'avoir un enfant, naît, chez les professionnels, une grande appréhension quant au devenir de l'enfant, et sont suscitées des tentations eugéniques. Cette question est cependant d'actualité, puisque l'efficacité des neuroleptiques et la politique en santé mentale encouragent l'insertion des malades mentaux, les invitent à mener une vie aussi proche de la normale, donc ils ont des relations sexuelles, ils ont des enfants. Les enfants nés de mères psychotiques sont identifiés comme à haut risque par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 1975. C'est-à-dire qu'ils justifient des mesures d'accompagnement et de prévention. L'enfant court trois risques : risque de développer une maladie mentale en partie héréditaire, risque quant à son développement, risques liés aux souffrances, lorsque l'enfant est confronté à la folie de ses parents. Le rôle majeur joué par les facteurs environnementaux guide les conduites de prévention, en particulier auprès des patients psychotiques adultes futurs parents et au cours de la grossesse, moment privilégié pour mettre en place des stratégies préventives conformes au Plan périnatalité 2005–2007. Une vignette clinique illustrera la difficulté à l'établissement du lien mère–enfant observé chez une femme psychotique, tant la prégnance de l'enfant imaginaire sur le bébé bien réel peut être massive. En conclusion, il faut insister sur les stratégies multidisciplinaires et évolutives à mettre en place. Elles impliquent un certain optimisme.

Desire for child in psychotic patients: what risks for the child? Here are two very different questions. When mentally ill patients express the desire to have a child, professionals are apprehensive regarding the child's future and express eugenics temptation. Nevertheless, it is a topical question as neuroleptic drugs efficiency as well as mental health policy encourage them to live as close to normality as possible. Therefore, they have sexual relations, they have children. Since 1975, children born from psychotic mothers have been considered by the World Health Organisation (WHO) to be at high risk. This means they justify close support measures and prevention. The child runs 3 risks: a risk to develop a mental illness partly hereditary, a risk regarding his or her development, risks related to suffering, as these children are confronted with the illness of their parents. The major role played by environmental factors guide prevention behaviours; in particular towards parents-to-be psychotic adult patients and during the pregnancy, a privileged moment for preventive strategies consistent with the Perinatal Plan 2005–2007. A clinical label will provide an example of the difficulty to establish a mother-child link observed with a psychotic woman, because the imaginary child overrides the real baby. To conclude the emphasis should be put on multidisciplinary and evolutionary strategies. These imply some optimism.