Association entre les taux sériques des fragments d’agrécane ARGS et NITEGE, et la gonarthrose radiologique chez des patients tunisiens

RésuméObjectifsLa dégradation protéolytique de l’agrécane constitue un élément clé dans la physiopathologie de l’arthrose. Le but de cette étude a été de développer un test immunoenzymatique Elisa permettant de quantifier les taux sériques des fragments spécifiques de dégradation de l’agrécane induits par le clivage effectué par l’agrécanase. Nous avons analysé les relations entre deux fragments de dégradation de l’agrécane et les taux urinaires de C terminale du collagène de type II (CTX-II).MéthodesNotre méthode Elisa compétitive utilise un anticorps polyclonal dirigé contre les fragments d’agrécane contenant les néoépitopes NITEGE373 et 374ARGSVI. Nous avons mesuré les taux sériques de NITEGE et ARGSV chez 125 femmes atteintes d’une gonarthrose (âge 53 ± 7,6 ans, arthrose évoluant depuis 3,6 ± 3,8 ans) et chez 57 femmes témoins appariées pour l’âge.RésultatsL’imprécision (CV) intra- et inter-essai des deux tests mesurant les néoépitopes de l’agrécane étaient inférieure à 20 % et ils avaient une bonne linéarité. Les valeurs médianes des taux sériques d’ARGSVI (diminution de 18 % ; p = 0,002) et de NITEGE (diminution de 36,4 % ; p < 0,001) étaient significativement diminuées chez les patientes atteints de gonarthrose par rapport aux sujets témoins. Chez les patientes atteints de gonarthrose, la hauteur minimale de l’interligne articulaire était inversement corrélée au taux d’ARGSVI (r = –0,368 ; p = 0,04) et au taux de NITEGE (r = –0,274 ; p = 0,038). La valeur médiane des taux urinaires de CTX-II était significativement augmentée de 39,5 % (p = 0,001) chez les patients atteints de gonarthrose par rapport aux sujets témoins.ConclusionsPour la première fois, les marqueurs de dégradation de l’agrécane ont été analysés dans une population arthrosique africaine. Ces marqueurs peuvent être utilisés pour apprécier l’activité de l’agrécanase dans les maladies articulaires humaines. Leur mesure, en association avec celle des CTX-II, pourrait améliorer l’évaluation clinique des patients arthrosiques.