Bases d’une régulation démographique pour une spécialité chirurgicale: Les chirurgiens orthopédistes en France

RésuméLa problématique de la démographie médicale pourrait être résumée par la formule suivante : Quel effectif de médecins faut-il former pour satisfaire les besoins de soins dans une spécialité donnée en supposant ceux-ci définis ?.Cet article confronte les données disponibles sur la démographie médicale des chirurgiens orthopédistes en France. Il s’agit essentiellement des données issues de fichiers nationaux et d’études menées à l’instigation du Syndicat National des Chirurgiens Orthopédistes (SNCO), du Collège (CFCOT) et de la Société Française des Chirurgiens Orthopédiques et Traumatologiques (SOFCOT).Le nombre de chirurgiens orthopédistes recensés dans les différents fichiers est différent selon que l’on s’adresse à l’État (fichier ADELI de la DREES) ou au CNOM (Conseil National de l’Ordre des Médecins). Selon le CNOM, le nombre de chirurgiens orthopédistes était de 2400 en 1998, 1809 en 1999, 2158 en 2002 et 2190 en 2003. La densité régionale des chirurgiens orthopédistes était de 3,6/100 000 habitants en 2002 ; elle varie du simple au double (de 2,35 à 4,58 pour 100 000 habitants). Le recoupement des différentes enquêtes et études permet une estimation du nombre de chirurgiens pratiquant la chirurgie orthopédique à près de 3000, dont un pourcentage limité ne disposant pas d’une qualification de spécialiste et de montrer que l’activité dans ce domaine tend globalement à augmenter, alors que les effectifs restent stables, voire diminuent si l’on tient compte des évolutions en cours et futures.Alors que l’on formait, jusqu’à présent, plus de 80 chirurgiens orthopédistes par an, la désaffection des professions chirurgicales conjuguée à la féminisation des professions de santé, à la judiciarisation, à l’envol des primes d’assurances en responsabilité civile professionnelle et aux difficultés financières des établissements de santé ont été à l’origine d’une baisse de recrutement en futurs praticiens de la spécialité, alors que l’application de la loi sur les 35 heures (RTT à l’hôpital) et la directive européenne sur la récupération du temps de garde nécessiteraient d’augmenter le nombre de chirurgiens orthopédistes. Le déficit maximum va se situer en 2006 avec l’effet conjugué de la réduction du temps de travail et du pic des départs à la retraite. Le déficit est susceptible d’approcher 150 chirurgiens orthopédistes, cette projection peut s’aggraver sous l’effet du vieillissement de la population en 2010 et 2020, de l’augmentation plus que probable de la charge administrative, de l’hyper spécialisation difficile à évaluer actuellement ainsi que de ceux de la féminisation du corps médical. Les besoins de formation pourraient atteindre 220 chirurgiens orthopédistes par an en 2010.