Les lésions ligamentaires et méniscales du genou de l’enfant et de l’adolescent

RésuméLes lésions méniscales et ligamentaires du genou ont une incidence croissante chez l’enfant. Cet important travail rappelle les notions fondamentales de la croissance du genou dont les physes sont responsables de 65 % de la croissance du membre inférieur sans véritable accélération pubertaire et les graves conséquences possibles d’une lésion du cartilage de croissance. Les particularités de l’examen clinique du genou de l’enfant et de l’adolescent et les données des travaux expérimentaux de ligamentoplasties transphysaires sont analysées. Une revue critique complète de la littérature concernant les lésions et réparations méniscales, les ruptures et ligamentoplasties du ligament croisé antérieur, a été effectuée. Une étude épidémiologique prospective des traumatismes du genou de l’enfant et de l’adolescent a montré une incidence de 3 % et le football était la cause la plus fréquente. Les entorses ont représenté 16 % des traumatismes du genou et les lésions du pivot central 4 % des entorses avec une valeur prédictive importante de l’hémarthrose abondante. Une enquête de pratique inspirée de celle de Kocher a confirmé l’opinion générale de mauvaise tolérance des ruptures du ligament croisé antérieur (LCA) chez l’enfant et identifié des indications thérapeutiques différentes entre les chirurgiens pédiatres et les autres. Les lésions méniscales ont fait l’objet de 2 études : rétrospective de 52 cas dont 31 réparations avec un taux d’échec trop important de 25 %, et, prospective de 60 cas avec un taux de résection trop élevé de 36 %.La plus importante étude mondiale rétrospective multicentrique de ligamentoplasties de LCA a été réalisée. Elle a concerné 123 cas dont 102 revus au recul moyen de 3,5 ans opérés à un âge moyen de 12,3 ans selon 4 techniques différentes décrites en détail. Les résultats ont été un score IKDC de 91 +/- 13 % et 88 % de classe objective A ou B. Les troubles de croissance secondaires observés, au nombre de 10, ont été faibles de 5 ̊ au plus en valgus fémoral ou tibial 6 fois, en varus tibial 2 fois (3 ̊) et 2 inégalités de longueur de 10 mm. Une erreur technique a entrainé un valgus fémoral de 13 ̊. Les moins bons résultats ont été significativement observés chez les adolescents les plus âgés souvent réparés à l’aide de greffe d’ischio-jambiers. Le risque de valgus fémoral a été significativement corrélé au diamètre de la greffe et important pour un diamètre supérieur ou égal à 9 mm. Aucune autre relation significative n’a pu être établie.La ligamentoplastie de croisé antérieur sur genou en croissance est un traitement potentiellement très dangereux mais dont le rapport risque bénéfice est très intéressant pour des équipes entraînées à cette technique difficile. Elle n’est pas un traitement d’attente, permet une reprise du sport, et, préserve le précieux capital méniscal de l’enfant et en conséquence son capital articulaire.

Meniscal and knee ligament injuries are becoming increasingly frequent in children. This major contribution begins with a recall of the fundamentals of growth of the knee joint where the epiphyseal plates control 65 % of the growth of the lower limb, without a clear acceleration at puberty. Injury of the growth cartilage can thus have serious consequences. The specific features of the physical examination of the knee in children and adolescents are discussed as well as recent data from experimental work with transphyseal ligamentoplasty. A critical comprehensive review of the literature is presented concerning meniscal injury and repair as well as anterior cruciate ligament (ACL) tears and repair. A prospective epidemiological study of knee trauma in children and adolescents reveals an incidence of 3 p.100 with soccer accounting for most of the injuries. Knee sprains are observed in 16 p.100 of knee trauma victims with injury to the central pivot in 4 p.100 of the sprains, abundant hemarthrosis having a significant predictive value. A survey of management practices designed after the report by Kocher confirmed the general opinion that ACL tears are poorly tolerated in children. This survey shows that therapeutic indications used by pediatric surgeons differ from their adult surgery colleagues. Meniscal injuries are examined in two studies, one retrospective series of 52 injuries with 31 repairs and a high rate of failure (25p.100) and one prospective series of 60 injuries with an overly high rate of resection (36 %).The largest retrospective study of ACL ligamentoplasty collected data from centers worldwide. A total of 123 cases are reported with a 3.5-year follow-up for 102. Mean age at ligamentoplasty was 12.3 years. Four different techniques were used and are described in detail. Outcome was and IKDC score of 91 ± 13 p.100 with 88 p.100 in class A or B. Secondary growth disorders were noted in ten knees with at most 5̊ femoral or tibial valgus in six, tibial varus in two (3̊) and 10mm leg length discrepancy in two. There was on technical error which led to 13̊ femoral valgus. The least satisfactory results were significantly noted in the older adolescents who often had a hamstring graft. The risk of femoral valgus was significantly correlated with graft diameter and was greatest for graft diameters ≥ 9 mm. No other significant relationship was identified. Ligamentoplasty of the ACL in the growing knee is a potentially hazardous procedure with a very attractive risk-benefit ratio for teams well experienced with this difficult technique. It should not be considered a palliative approach while waiting for maturity. It allows patients to resume their sports activities and spares the precious meniscal stock essential for the future development of the knee joint.