La prophylaxie antibiotique à visée de réduction du risque de contamination d’une prothèse articulaire lors d’un acte de chirurgie dentaire semble inutile

RésuméLe taux d’infection de prothèse articulaire varie entre 0,5 et 3 %. Certaines contaminations sont contractées par voie hématogène à partir de foyers infectieux buccodentaires. Par analogie avec l’endocardite, une antibioprophylaxie était donc conseillée pour couvrir les gestes buccodentaires chez les patients immunodéprimés porteurs d’une prothèse articulaire depuis moins de deux ans, bien qu’il n’existe pas de preuve formelle de son efficacité. C’est pourquoi, le coût et ses effets secondaires ont conduit à en rediscuter l’utilité. Nous avons sélectionné dans Pubmed les articles sur les mots clés suivants : prosthetic joint infection, dental procedure, antibiotic prophylaxis, haematogenous infection, dental infection, bacteremia, endocarditis. Parmi ces 650 articles sélectionnés, 68 ont été retenus concernant l’infection de prothèses orthopédiques et/ou endocardite et la prophylaxie buccodentaire car permettant répondre aux questions suivantes : fréquence et intensité des bactériémies d’origine buccodentaire, fréquence des infections de prothèse articulaire après un geste dentaire et efficacité réelle de l’antibioprophylaxie en cas de gestes dentaires chez des patients porteurs de prothèse articulaire. Les bactériémies d’origine buccodentaire sont plus fréquentes dans les actes de la vie quotidienne comme la mastication, qu’au décours des extractions dentaires. Si des cas isolés de contamination prothétique à partir d’infections dentaires ont été rapportés, les études épidémiologiques sur des populations de porteurs de prothèse articulaires montrent que l’absence de prophylaxie lors de soins buccodentaires n’augmente pas la fréquence des infections prothétiques. Cette analyse ne permet pas de répondre à la question de l’efficacité de l’antibioprophylaxie dentaire chez les patients immunodéprimés porteurs de prothèses articulaires. En revanche, l’hygiène buccodentaire et les soins dentaires réguliers diminuent le risque d’infection de prothèse de 30 %. Cette mise au point rejoint les conclusions du groupe d’experts de l’ANSM qui s’est prononcé en défaveur d’une antibioprophylaxie en cas de gestes buccodentaires chez un patient porteur d’une prothèse quels que soient l’ancienneté de la prothèse et les co-morbidités du patient. En effet, son coût et ses risques apparaissent excéder son efficacité.Niveau de Preuve avec le type d’étudeNiveau V : avis d’expert.