Prothèse totale de cheville et déformations dans le plan frontal

RésuméIntroductionL’arthroplastie totale de cheville dans le cadre d’arthroses associées à des déformations frontales reste controversée. Le but de cette étude était d’évaluer, rétrospectivement, les résultats cliniques et radiographiques d’une série de prothèses implantées sur des déformations frontales supérieures à 10° et d’identifier les problématiques propres à chaque type de déformation.HypothèseLes déformations frontales de plus de 10̊ ne sont pas une contre-indication à l’arthroplastie à condition d’obtenir une cheville stable et équilibrée sur un pied normo-axé.Matériel et méthodeSur un total de 131 prothèses, 21 ont été implantées dans le cadre d’arthroses associées à une déformation frontale supérieure à 10°. Seules les séquelles de fracture ou d’instabilité ont été retenues. Les chevilles inflammatoires ont été exclues. Vingt et un patients (15 hommes et six femmes), âgés en moyenne de 57 ans (± 12) ont été revus rétrospectivement avec un recul moyen de 38 mois (± 26). Quatre groupes ont été constitués en distinguant tout d’abord les chevilles congruentes et incongruentes, puis les déformations en varus et en valgus. Les gestes associés ont comporté de proximal en distal, la correction des cals vicieux péri-articulaires, le rééquilibrage ligamentaire, la correction des déformations associées du pied et de l’équin. Les arthrodèses et changements d’implants effectués pour descellement ou instabilité évolutive ont été considérés comme des échecs.RésultatsL’intervention a permis une amélioration fonctionnelle et une correction durable de la déformation, en passant de 16,5° (± 4,9) à 2,5° (± 3,9) pour les varus et de 16,7° (± 5,6) à 1,4° (± 2,1) pour les valgus. Six chevilles en varus ont nécessité une reprise chirurgicale précoce pour complément de correction. Trois échecs ont été observés parmi les chevilles incongruentes.DiscussionLa correction des cals vicieux ostéoarticulaires et des déséquilibres ligamentaires dans les déformations frontales supérieures à 10° requiert de nombreux gestes associés. Tout défaut résiduel est préjudiciable à la survie des implants et justifie un complément de correction. Les résultats à court terme sont encourageants pour les chevilles correctement corrigées, même en cas de déformations importantes. Une évaluation à plus long terme reste nécessaire.Niveau de preuveIV.