Rotation axiale de la tête du premier métatarsien au sein de la population normale et des patients porteurs d’hallux valgus

RésuméHypotheseExiste-t-il une pronation métatarsienne et quel est son retentissement ?IntroductionL’hallux valgus est la conséquence d’une déformation associant une angulation à une composante rotatoire. Notre propos a été de préciser la nature et l’origine du déplacement frontal.Patients et méthodeIl s’agit d’une étude radio-anatomique prospective monocentrique portant sur 100 pieds opérés d’hallux valgus. Une incidence originale a permis de préciser la position préopératoire de la première tête métatarsienne dans le plan frontal. En peropératoire, nous avons mesuré la mobilité en pronation supination de l’articulation cunéo-métatarsienne et par une étude anatomique nous avons cherché la possibilité d’une torsion diaphysaire.RésultatsEn cas d’hallux valgus, la pronation radiologique moyenne a été de 12,7° (0°–40°). En peropératoire, l’addition de la mobilité en pronation de 9,3 degrés (0°–30°) avec la mobilité en supination de 8,7 (0°–20°) degrés a défini la mobilité rotationnelle de l’articulation cunéo-métatarsienne. La divergence inter métatarsienne n’était corrélée ni avec la pronation radiologique ni avec la mobilité en pronation de la cunéo-métatarsienne. La pronation radiologique de la tête métatarsienne n’était pas corrélée avec la mobilité peropératoire en pronation dans la cunéo-métatarsienne. Nous n’avons jamais constaté de pronation métatarsienne sans pronation sésamoïdienne associée. En revanche, une pronation sésamoïdienne peut exister sans rotation métatarsienne. L’étude de 20 premiers métatarsiens prélevés au laboratoire d’anatomie de Nice a montré une possibilité de torsion diaphysaire plaçant la tête métatarsienne en position neutre ou en supination par rapport à la base dans 80 % des cas.DiscussionDans l’hallux valgus, la pronation du premier rayon semble être une constante qui contraste avec la supination retrouvée le plus souvent dans la population. La rotation métatarsienne coexiste toujours avec celle des sésamoïdes, l’inverse n’étant pas vrai, il semble bien que le primum movens du déplacement soit celui de la sangle qui entraîne la tête métatarsienne par l’intermédiaire des ligaments métatarso-sésamoïdien. Mais cette courroie de transmission ayant des propriétés mécaniques variables la transmission entre les deux éléments est imparfaite sans doute affectée par la distension progressive des ligaments. De telle sorte, la rotation de la tête ne suit pas fidèlement le mouvement de la sangle voire s’en libère complètement. Ainsi, la rotation radiologique et la rotation clinique ne sont pas identiques. Notre étude anatomique montre que sans exclure une torsion diaphysaire, la pronation métatarsienne semble essentiellement découler d’une instabilité rotatoire de l’articulation cunéo-métatarsienne. Celle-ci n’évolue pas parallèlement à l’instabilité latérale car nous n’avons pas mis en évidence de corrélation entre l’importance du varus et l’instabilité rotatoire.ConclusionCette étude révèle qu’il existe en cas d’hallux valgus une pronation métatarsienne justifiant le cliché frontal préopératoire et qui témoigne en règle d’une instabilité cunéo-métatarsienne. Bien qu’elle reste difficile à préciser exactement en l’absence de corrélation radio-clinique, la constatation d’une telle pronation ouvre une discussion afin de savoir si la remise en place de la tête métatarsienne sur ses appuis sésamoïdiens suffit à la stabiliser dans tous les plans de l’espace ou s’il vaut mieux associer une dérotation à une ostéotomie de valgisation métatarsienne pour retrouver un appui horizontal.Niveau de preuveIV.