Leishmaniose viscérale infantile : profil épidémiologique, clinique et biologique. À propos de 93 cas

RésuméIntroductionLa leishmaniose viscérale infantile (LVI) est un problème de santé publique au Maroc. Cette parasitose sévit à l’état endémique et touche les enfants en bas âge.ObjectifsLe but de la présente étude est de dresser le profil épidémiologique, clinique et biologique de la LVI chez des enfants hospitalisés à l’hôpital d’Enfants de Rabat (HER) et de montrer l’apport de la sérologie dans le diagnostic de cette maladie.MéthodesCette étude rétrospective a concerné tous les cas de LVI enregistrés à l’HER sur une durée de cinq ans (de 1997 à 2001). Pour chaque patient inclus dans l’étude, les auteurs ont colligé l’origine géographique, l’âge, le sexe, des éléments cliniques (splénomégalie, fièvre, hépatomégalie, pâleur), des données biologiques (numération formule sanguine [NFS], vitesse de sédimentation, protidémie et électrophorèse des protides). Les résultats du myélogramme ont également été exploités ainsi que les sérologies, lorsqu’elles étaient réalisées.RésultatsQuatre-vingt-treize cas de LVI ont été recensés. La moyenne d’âge des enfants atteints était de 3,5 ± trois ans, le sex-ratio était de 1,82 (p = 0,032). Les patients issus de milieux ruraux ou semi-urbains étaient plus nombreux que ceux des villes : 85,5 % versus 14,5 % (p < 0,0001). La triade splénomégalie–fièvre–pâleur a été retrouvée dans plus de deux tiers des cas et l’anémie était quasi constante. En cas d’hyperprotidémie (43,5 % ; n = 27), le rapport albumine–globulines était toujours inférieur à 1,2. L’immunofluorescence indirecte a été pratiquée chez 39 patients. Elle était positive dans 84,6 % des cas. Les 40 patients dont les sérums ont été analysés par hémagglutination indirecte (HAI) avaient tous un myélogramme révélant la présence du protozoaire, mais seuls 57 % d’entre eux présentaient une réaction positive.ConclusionsCes résultats confirment que la LVI touche les enfants issus de milieux défavorisés. La triade splénomégalie–pâleur–fièvre est un bon élément d’orientation diagnostique, alors que la mise en évidence du parasite dans la moelle osseuse reste le meilleur moyen d’établir le diagnostic positif de cette maladie.

IntroductionInfantile visceral leishmaniasis (LVI) is a problem of public health in Morocco. This parasitosis rages to the state of endemic and touches the infants.ObjectivesThe goal of this survey is to draw up epidemiological, clinical and biologic profile of LVI in children hospitalized in the Children Hospital of Rabat, and to prove the contribution of serology in diagnosis of this illness.Material and methodsThis retrospective study concerned all LVI cases gathered in the HER during 5 years (from 1997 to 2001). For every patient included in this study, the authors collected geographical origin, age, sex, clinical data (splenomegaly, fever, hepatomegaly, paleness), and biologic data (numeration formulates red chalk, speed of sedimentation, protein in blood and electrophoresis of the proteins). The myelogram results were also exploited as well as results of serology when they were realized.ResultsNinety-three LVI cases were listed with an age average of 3.5 ± 3 years, and a sex ratio of 1.82 (p = 0.032). Patients coming from farming surroundings or semi-urban were more numerous than those from cities: 85.5% versus 14.5% (p < 0.0001). Most of the patients suffered from splenomegaly, fever and paleness; anaemia was almost constant. In case of hyperprotidemy (43.5%; n = 27), the albumin–globulin report was always lower than 1.2. Indirect immunofluorescence was practised among 39 patients with a positive response in 84.6% of the cases. Forty patients whose serums were analyzed by indirect hemagglutination (HAI) had all a myelogram revealing the presence of protozoon, but only 57% of them showed a positive reaction in HAI.ConclusionsThese results confirm that the LVI touches children coming from underprivileged surroundings. The triad, splenomegaly, paleness and fever, is a good element of diagnostic orientation, whereas parasite revelation in bone marrow remains the best way to establish the diagnosis of this illness.