Déni de grossesse et néonaticide : aspects cliniques et psychopathologiques

RésuméL’engouement médiatique qui a suivi les récentes affaires de néonaticide a sensibilisé l’opinion publique au fait qu’une grossesse puisse passer inaperçue et qu’une mère de famille aimante puisse tuer ses nouveau-nés. Il s’agit pourtant d’une réalité clinique décrite de longue date et dont les mécanismes psychopathologiques ont été analysés par de nombreux auteurs. Les différentes hypothèses étiopathogéniques débattues ne font néanmoins pas consensus. Ainsi, le rôle de la pauvreté et de la précarité sociale apparaît central pour certains auteurs, alors que d’autres privilégient les conflits psychologiques internes. De surcroît, outre les réactions d’effroi et de condamnation que suscite le néonaticide, s’ajoute l’incompréhension alors que les méthodes contraceptives et abortives sont aujourd’hui maîtrisées et accessibles à la plupart des femmes. Cet article se propose dans un premier temps de définir et de décrire les différentes formes de déni de grossesse, puis de présenter les principales hypothèses étiopathogéniques susceptibles de sous-tendre ce déni et de conduire dans certains cas à un néonaticide. Seront également décrits les mécanismes d’adaptation physiologique permettant à la femme de méconnaître ou de masquer sa grossesse.

Pregnancy denial and neonaticide have recently received media coverage following a series of French cases of neonatal killing. Although it has been known for a long time that some women deny their pregnancy and may kill their newborns, there is still no consensus on the etiopathogenic factors involved in the denial of pregnancy occurrence. Even though neonaticide is often committed by young, poor, unmarried women with little or no prenatal care, it appears that denial of pregnancy is a heterogeneous condition associated with different psychological features. Societies are ambivalent with regard to mothers who killed their children and tend to lay the entire blame on them. Furthermore, there is a widespread lack of understanding among the public on these affairs, when birth control techniques and methods are widely available. The purpose of this article is to describe the different types of pregnancy denial and neonaticide and to review the still debated etiopathogenic hypotheses. The absence of the physical changes of pregnancy at the time of the denial such as cessation of menstruation, abdominal swelling or perception of foetal movements is also discussed.