Prévalence des chondropathies patellaires lors de la reconstruction du ligament croisé antérieur : analyse de 250 cas

RésuméIntroductionL’instabilité antérieure du genou entraîne la survenue de lésions méniscales et fémorotibiales, mais peut également entraîner des lésions ostéochondrales patellaires dont le démembrement reste au second plan.HypothèseLe but de ce travail était d’évaluer la survenue de lésions de chondropathies patellaires chez les patients présentant une rupture du LCA et d’en étudier les caractéristiques en fonction du délai de laxité.Matériel et méthodeDans une étude rétrospective, nous avons revu 250 dossiers de patients âgés en moyenne de 32 ans, opérés entre janvier 1995 et janvier 2005 d’une laxité antérieure du genou sous arthroscopie (photographies arthroscopiques, comptes-rendus opératoires et fiches de renseignement arthroscopiques). Les lésions chondrales ont été étudiées à l’intervention selon les classifications de Bauer et Jackson et de l’International Cartilage Repair Society (ICRS). Les analyses statistiques ont été réalisées au moyen du test de Kruskal-Wallis et du test exact de Fischer.RésultatsSoixante-douze patients (28,8 %) présentaient une atteinte chondrale patellaire. Le versant latéral était touché dans 41 cas (56,9 %). Les lésions se situaient majoritairement au tiers moyen de la patella. Il s’agissait de lésions superficielles (stade 1 et 5 de Bauer et Jackson ; grade 1 de l’ICRS) dans deux tiers des cas. Nous avons pu mettre en évidence une aggravation statistiquement significative du grade ICRS en fonction de la durée de laxité préopératoire.DiscussionPeu de publications dans la littérature concernent l’atteinte patellaire lors de laxité antérieure du genou ; cependant, nos résultats sont comparables à ceux des rares séries retrouvées. Les mécanismes lésionnels ne sont pas encore précisément identifiés et nécessiteraient des études biomécaniques.ConclusionLa présence de lésions patellaires est fréquente en cas de laxité antérieure (28,8 % dans notre série) et le délai est corrélé à une aggravation statistiquement significative de ces lésions. À l’heure actuelle, l’évaluation de ces lésions patellaires reste au second plan par rapport aux lésions méniscales et fémorotibiales, cependant, l’histoire naturelle de la rupture du LCA semble évoluer vers une atteinte dégénérative de tous les compartiments du genou, y compris du compartiment fémoropatellaire.