Étude de souches de Stenotrophomonas maltophilia sécrétrices de BLSE : détection de CTX-M et étude de la virulence

RésuméObjectifÉtudier les types de β-lactamases produites par les souches de Stenotrophomonas maltophilia et évaluer leur potentiel de virulence à l’aide du modèle Caenorhabditis elegans.MéthodeDu 1er janvier 2006 au 31 décembre 2006, un programme de surveillance des bacilles à Gram négatif multirésistantes et, notamment, de S. maltophilia sécréteurs de β-lactamases à spectre étendu (BLSE) a été mené au CHU de Nîmes et au centre hospitalier de Perpignan. Le dépistage des BLSE a été effectué par le test de double synergie avec les disques de ceftazidime, céfotaxime, céfépime associés à l’acide clavulanique. Les souches isolées ont été caractérisées phénotypiquement (identification de la ou des bêta-lactamase[s] produite[s]) et génotypiquement (électrophorèse en champ pulsé, analyse plasmidique par digestion enzymatique). L’étude in vivo a utilisé le modèle des nématodes C. elegans avec établissement de courbes de survie (DL50 : temps de demi-vie).RésultatsDouze souches productrices de BLSE ont été isolées chez huit patients (âge moyen : 65 ans ± 19) principalement au cours d’infections cutanées (41,7 %). Le typage des différentes BLSE révélait la présence de quatre souches productrices de CTX-M-15 chez un même patient. L’analyse par ECP a confirmé que ces quatre souches étaient identiques. L’analyse plasmidique a déterminé que les plasmides porteurs de CTX-M-15 chez la souche clonale Escherichia coli 025-ST131, mondialement répandue, et S. maltophilia étaient différents. Le modèle C. elegans a permis de confirmer que les souches de S. maltophilia, quelles qu’elles soient, sont peu virulentes (DL50 = 4,5 jours ± 0,5 selon les souches et décès des nématodes en 10 jours ± 0,5).ConclusionPour la première fois en France, une souche de S. maltophilia, productrice de CTX-M-15, a été identifiée. L’étude in vivo de ces souches a permis de confirmer que ces bactéries ont un potentiel de virulence faible. Cependant, ces souches ont été isolées chez des patients « immunodéprimés » et multihospitalisés démontrant la nécessaire surveillance de ces patients. Les CTX-M, après avoir diffusé dans les hôpitaux et en communauté chez E. coli, semblent se propager chez d’autres bacilles à Gram négatif.

ObjectiveTo study the β-lactamases content of Stenotrophomonas maltophilia strains and to evaluate the virulence potential of these strains with the in vivo Caenorhabditis elegans model.MethodologyFrom 1st January 2006 to 31st December 2006, a monitoring programme to study multidrug resistant Gram-negative bacteria including extended-spectrum β-lactamases (ESBL)-producing S. maltophilia was conducted at Nîmes University Hospital and Perpignan Hospital. The ESBL production was confirmed by the double-disk synergy test using ceftazidime, cefotaxime and cefepime disks associated with clavulanic acid disk. The strains were characterized phenotypically (β-lactamase[s] identification) and genotypically (pulsed-field gel electrophoresis, plasmid analysis) and evaluated for their virulence with the in vivo nematode C. elegans model (establishment of survival curves [LT50]).ResultsTwelve ESBL-producing S. maltophilia strains were isolated in eight patients (median age: 65 years ± 19) mainly during skin infections (41.7%). The ESBL content revealed the presence of four CTX-M-15-producing strains at the same patient. The analysis by ECP confirmed that the four strains were identical. The plasmid analysis demonstrated that the plasmid carrying CTX-M-15 in the worldwide clonal Escherichia coli O25-ST131 strain and S. maltophilia were different. The C. elegans model confirmed that S. maltophilia strains presented a low virulence potential (LT50 = 4.5 days ± 0.5 according to the strains and nematode death in 10 days ± 1) whatever their resistance.ConclusionFor the first time in France, a CTX-M-15-producing S. maltophilia strain has been identified. The in vivo model confirmed that these bacteria have a low potential virulence. However, these strains were isolated from “immunocompromised” and multihospital patients demonstrating the necessary monitoring of these patients. The CTX-M after diffusing in hospitals and community in E. coli strains seem to spread in other Gram-negative bacteria.