Bioethics, policy compromise, and religious pluralism

La société démocratique se définit par le pluralisme, par la diversité de religions, de visions du monde et de modes de vie. Le compromis, une méthode optimale pour résoudre les désaccords sur la politique publique en matière bioéthique, est largement accepté. On s'attend à ce que les citoyens fassent certaines concessions à la société en échange de la possibilité de continuer à pratiquer leurs religions et leurs mœurs. Pourtant, étant donné que la religion et la vision du monde engagent de manière fondamentale, définissant notre identité morale, le rôle du compromis dans la quête d'une société démocratique pour une bonne politique publique vis-à-vis des problèmes bioéthiques controversés ne peux être que très limité. Une analyse approfondie du compromis montre qu'il peut servir comme une méthode efficace pour résoudre les désaccords bioéthiques à condition que ceux-ci ne touchent pas aux engagements les plus fondamentaux et imprescriptibles des partis en conflit. Quand le désaccord concerne de tels engagements, le compromis devient moralement inacceptable pour tous les partis. Cet article propose une perspective alternative sur les débats en matière de politique bioéthique. On va soutenir que, étant donné que la bioéthique s'est développée dans une société démocratique, le débat sur la politique bioéthique et ses résultats devrait être conçu comme une expression des valeurs et des idéaux d'une société démocratique, et non pas simplement comme un processus de la recherche de compromis. Les débats bioéthiques ne sont pas et ne peuvent pas être menés dans un vide social et normatif. La bioéthique est une entreprise limitée d'enquête et de discours, développée dans et pour une société démocratique. Répondant à des sensibilités religieuses et culturelles différentes, les solutions publiques produites par une telle société sont fondées sur les valeurs et les idéaux démocratiques plus que sur des doctrines religieuses, théologiques ou philosophiques particulières. Le débat sur la politique bioéthique présuppose l'engagement des parties dans les valeurs et les idéaux démocratiques, ce qui détermine aussi bien son progrès que son résultat. C'est pourquoi un tel débat, quand il concerne les engagements les plus fondamentaux et imprescriptibles des citoyens, doit chercher non pas le compromis - qui reste, bien sûr, possible et désirable - mais l'ajustement du processus de débat et de son résultat aux valeurs et aux idéaux d'une société démocratique. L'objectif du débat bioéthique (ou du débat démocratique sur les problèmes bioéthiques) qui cherche à générer des solutions politiques aux controverses qui touchent aux engagements les plus fondamentaux, constitutifs et imprescriptibles des citoyens n'est pas le compromis entre les parties, mais l'ajustement de la politique publique aux valeurs et idéaux démocratiques.