Ostracodes et incursions marines dans l’Holocène terminal du lac Retba (Cap Vert, Sénégal)

RésuméL’étude des incursions marines à partir des ostracodes est menée pour la première fois, dans l’Holocène terminal, le long d’un sondage réalisé sur le bord du lac Retba. La carotte a livré 24 espèces dont la plupart sont connues dans le Golfe de Guinée et les lagunes adjacentes, Buntonia olokundudui Reyment et Van Valen, Hermanites foveolata Omatsola et Soudanella africana Omatsola étant citées pour la première fois au Sénégal. Une succession de quatre associations d’ostracodes qui correspondent à différentes étapes de l’évolution du lac est mise en évidence le long du sondage. La première à Cyprideis nigeriensis Omatsola, Neomonoceratina iddoensis Omatsola et Aglaiocypris gambiensis Witte, indique une lagune faiblement ouverte sur la mer et bordée de mangrove sous un climat relativement humide. La deuxième a livré la faune d’ostracodes la plus diversifiée, avec C. nigeriensis, N. iddoensis et une forte proportion d’« espèces marines » remaniées ; elle caractérise un petit golfe marin bordé de mangroves sous un climat humide. La troisième est une association monospécifique (C. nigeriensis) qui caractérise une lagune fermée hypersaline en climat semi-aride. Au sommet, l’association oligospécifique comprenant C. nigeriensis, Pseudoconcha omatsolai Witte et de très rares « espèces marines » remaniées est typique d’une lagune salée faiblement ouverte sous un climat aride. Les ostracodes permettent de mettre en évidence deux incursions marines. La première et la plus importante est datée ici pour la première fois entre 1420 et 1250 ans B.P. La plus récente et moins marquée n’est pas encore datée. La fermeture du lac Retba, qui a débuté vers 680 ans B.P., s’est traduite au sommet de la carotte par une forte réduction de l’abondance des ostracodes, la prépondérance des Cyprideis réticulés et la disparition des « espèces marines », alors que les sels précipitaient au fond du lac.

The study of marine incursions based on ostracods is carried out for the first time in the late Holocene, with core sediments of the Lac Retba edge. Twenty-four species are identified along the core; most of them are encountered in the Gulf of Guinea shelf and its adjacent lagoons. For the first time Buntonia olokundudui Reyment and Van Valen, Hermanites foveolata Omatsola and Soudanella africana Omatsola are recorded in Senegal. Four ostracods assemblages are evidenced along the core, corresponding to different stages of the lake evolution. Cyprideis nigeriensis Omatsola, Neomonoceratina iddoensis Omatsola and Aglaiocypris gambiensis Witte dominate the first assemblage; they indicate a lagoon slightly open to the sea and bordered with mangrove swamps under relatively humid climate conditions. The second association yields the most diversified ostracod fauna with C. nigeriensis, N. iddoensis and high proportion of reworked “marine species” which evidence a marine little gulf bordered by mangrove under a humid climate. The third, monospecific association (C. nigeriensis) is typical of a closed and hypersaline lagoon under dry climate conditions. An oligospecific association with C. nigeriensis, Pseudoconcha omatsolai Witte and very scarce reworked “marine species” occurs at the top of the core and characterises an open and hypersaline lagoon under arid climate conditions. Ostracods evidence two marine incursions. The first and the stronger one is dated here for the first time between 1420 and 1250 years B.P. The more recent is the weaker and is not yet dated. Evidence of the beginning of the Retba Lake closure towards 680 years B.P. appears at the top of the core, as indicated by high reduction of ostracods abundance, predominance of reticulate Cyprideis and disappearance of the “marine species”, while salts precipitated at the bottom of the lake.