'To whom does my body belong?'

Lors de débats s'interrogeant à savoir si la société devrait reconnaître le droit d'une personne de terminer sa vie (et de solliciter l'aide d'un médecin pour le faire), la question est souvent abordée sous l'angle de la propriété : à qui mon corps appartient-il ? Ceux qui militent pour que leur corps leur appartiennent perçoivent l'application publique de ce droit comme de l'« autonomie ». Ceux qui militent pour que les corps appartient à la société considèrent la reconnaissance publique de ce droit comme de l'« hétéronomie ». Et ceux qui militent pour que l'appartenance du corps de quiconque appartienne à Dieu perçoivent l'application publique de ce droit comme d'une « théonomie ». Or, les défenseurs de l'autonomie éprouvent des difficultés à justifier la propriété d'une personne à l'égard de son corps, car les humains dépendent bien plus des autres que d'eux-mêmes. La propriété de soi sous-entend une autosuffisance qui demeure largement fictive. Les défenseurs de l'hétéronomie, quant à eux, ont de la difficulté à justifier que le corps relève de la propriété publique, un concept qui a été employé par les régimes totalitaires pour faire disparaître les gens arbitrairement jugés dangereux ou même, qui leur étaient inutiles. Enfin, les défenseurs de la théonomie peuvent difficilement se justifier de tuer n'importe quel être vivant qui est une créature de Dieu. Cet article soutient que le modèle de propriété en entier est moralement erroné. Ainsi, un modèle basé sur le soin mutuel est plus adéquat. Dans ce modèle, nous sommes tant les sujets et les objets du soin et nous ne pourrions survivre si ce n'était pas le cas. Nous venons au monde en tant qu'enfants dépendant entièrement des soins des autres. En passant à l'âge adulte, nous devenons les sujets des demandes faites par les autres pour que nous prenions soin d'eux et de nous-mêmes. Le rôle de la société est de coordonner nos rôles mutuels en tant que receveurs ainsi que prêteurs de soin. Aucun adulte fonctionnel est uniquement prêteur ou receveur de soin. En tant que prêteurs de soins, nous avons des devoirs ; en tant que receveurs, nous avons des droits. Le concept d'autonomie devrait être uniquement invoqué lorsque la société revendique la possession d'un de ses membres. L'hétéronomie devrait être uniquement invoquée lorsqu'un individu agit comme si sa décision de vivre ou de mourir n'implique personne d'autre et que personne ne devrait s'en soucier. La théonomie devrait être invoquée lorsqu'une personne ou une société affirme s'être créée elle-même et donc qu'elle a le droit de faire ce qu'elle entend. Par conséquent, les individus ont le droit de demander de leur société qu'elles s'occupent d'eux lorsqu'ils ne peuvent le faire, plutôt que le droit de demander à une société de les aider à disparaître de celle-ci même lorsqu'ils le veulent. Une société a le droit de demander aux individus de s'occuper d'eux-mêmes et des autres lorsqu'ils peuvent le faire, plutôt que le droit de faire disparaître les individus dont elle ne veut plus s'occuper. Les personnes croyantes peuvent affirmer tant le devoir qu'ont les individus de s'occuper d'eux-mêmes que le devoir qu'a la société de prendre soin de ses individus ; devoirs qui doivent être exercés à l'image de Dieu qui s'occupe de la création et qui dicte aux créatures humaines d'agir en fonction de celle-ci. La propriété unique de Dieu en la création, cependant, est une autre affaire, laquelle est, en soi, inimitable.