Mourir au Néolithique ancien en France méditerranéenne

RésuméEn France méditerranéenne, du début du VIe millénaire jusqu’au milieu du Ve millénaire avant J.-C., les mécanismes et les structures d’une économie agropastorale émergent progressivement. En matière de traditions funéraires, les sépultures restent encore imprégnées des coutumes antérieures. Les défunts étaient inhumés préférentiellement en posture latérale fléchie, au fond de fosses individuelles creusées aux dimensions du corps dans des grottes ou sous des abris rocheux. On profitait alors de l’abandon de la cavité entre deux phases d’habitat ou d’une période d’occupation occasionnelle, comme camp de chasse ou bergerie, pour y déposer la dépouille d’un membre du groupe qui venait de succomber. Les mêmes lieux pouvaient recevoir à plusieurs reprises des inhumations individuelles de sujets d’âges et de sexes différents. Ces dépôts correspondaient aux morts d’une même communauté habituée à fréquenter régulièrement la cavité ou qui était établie plus ou moins durablement à proximité. Plus rarement, le défunt pouvait être enterré au sein d’un habitat de plein air. Parfois, la présence de colorant rouge sur les corps indique la persistance de rites hérités du Paléolithique supérieur et de l’Épipaléolithique. Quelques restes osseux présentant des stries de découpe ou de décarnisation laissées par des couteaux de silex peuvent témoigner de décharnements présépulcraux et/ou de pratiques cannibales. La simplicité des tombes et la quasi-inexistence de mobilier funéraire reflètent le caractère égalitaire de ces sociétés de premiers paysans et éleveurs. Au Néolithique ancien, le mode de vie déterminé par l’expérimentation et la mise en place des nouvelles activités agropastorales, et par la conquête du milieu, sous forme de défrichements et de mise en culture, n’offrait pas encore les conditions d’une amorce de hiérarchisation sociale.

In the Mediterranean area of France, from the early period dating from 6000 B.C. to 5000 B.C., the skills and organisation of agricultural and pastoral farming are slowly implemented. With regard to burial traditions, custom remains steadfastly dependent on previous behaviour and attitudes. The deceased were buried in preference in a bent sideways position, at the bottom of an individual grave which was dug to fit size of the body, in cave or rock shelter. Use was made when the cavity was abandoned between two phases of residence, or in periods of occasional occupation, as a hunting camp or sheepfold, to inter the remains of a member of the family who had just died. The same sites were able to accommodate repeatedly individual inhumation of subjects of different age or sex. These depositaries sheltered the bodies of the dead of the same community who were used to living in the cave or who lived more or less permanently nearby. More rarely, the deceased could be buried in living quarters outside the shelter of a cave. Sometimes the presence of red paint on the body indicated the presence of rites dating back to the Upper Palaeolithic. Some bone remains show long marks due to cutting, or degarnishing of flesh with flintstone knives, this may be an indication of preburial scraping, or cannibalistic practise. The lack of affection in these tombs and the near absence of burial objects suggest the egalitarian nature of these societies of early farmers and shepherds. In the early Neolithic, the way of life which was determined by the experimentation and the practical use of new farming and pastoral activities, and by overcoming the difficulty of material conditions, such as clearing the land and growing crops, did not yet announce the possibility of the start of social hierarchy.