کد مقاله | کد نشریه | سال انتشار | مقاله انگلیسی | نسخه تمام متن |
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1034130 | 943585 | 2006 | 110 صفحه PDF | دانلود رایگان |

RésuméLes fouilles effectuées sur le site de plein air de Dmanissi, en Géorgie, ont mis au jour depuis 1991 des restes humains : cinq crânes, quatre mandibules, des éléments postcrâniens exceptionnels par leur contexte stratigraphique, paléontologique, culturel, précis et bien daté, de l'extrême fin du Pliocène et de la base du Pléistocène inférieur. La plupart des fossiles d'hominidés recueillis dans les couches V et VI ont un âge compris entre 1,810 (couche VI) et 1,770 Ma (couche IV). Ils sont inclus dans un laps de temps de moins de 40 000 ans. Ces restes humains sont étonnants : 1) par la qualité de leur représentation : les différents éléments du squelette sont présents, crâne, thorax, membres supérieur et inférieur et leur ceinture ; 2) par la qualité de leur conservation : les boîtes crâniennes et les os sont entiers, peu déformés, rarement cassés ; 3) par la diversité des âges au décès de ce groupe dont le nombre minimum d'individus peut être évalué à cinq, trois adultes, un subadulte, un adolescent, des deux sexes. L'étude des mandibules et des premiers crânes entreprise dès la première découverte en 1991, avec Leo Gabounia, présente un triple intérêt : 1) un intérêt paléoanthropologique. Les crânes de Dmanissi se caractérisent par leur petite taille générale, ils sont courts, étroits et bas. Le développement vertical de la boîte crânienne est inférieur à celui de l'ensemble des Homo erectus s.l. y compris à celui des Homo ergaster. Il est en revanche, plus important que celui des Homo habilis et présente des affinités avec l'Homo rudolfensis. Plus significatif est le développement de la portion moyenne du crâne, au niveau des écailles pariéto-temporales dont la dilatation transversale et verticale permet de situer Dmanissi en position intermédiaire entre les Homo habilis et les Homo ergaster. Il en est de même pour les capacités crâniennes. La morphologie générale est gracile avec un aplatissement de la voûte sagittale plus fortement marqué que sur les Homo erectus, un frontal de faible amplitude, divergent et à fort rétrécissement post-orbitaire, un temporal allongé, aplati avec une portion mastoïdienne peu développée, un occipital à écaille supérieure basse et à faible étalement. Les reliefs sont atténués, nettement moins marqués que sur l'ensemble des Homo erectus s.l. La disposition des crêtes temporales supérieures est haute et leur extrémité présente un torus angularis uniquement chez l'adulte mâle. Le complexe glénoïdien se caractérise par une vaste cavité articulaire à renforts latéraux puissants. L'ensemble pétro-tympanique se différencie de l'ensemble des Homo erectus par une constitution gracile, avec individualisation du cercle tympanal et une rotation horizontale postérieure. Sur le massif facial une tendance à l'orthognathie dissocie Dmanissi de l'ensemble des hominidés du Pléistocène inférieur : Homo habilis, Homo ergaster ainsi que des Homo erectus eurasiatiques. Il existe néanmoins un prognathisme sous-nasal. La présence de piliers canins verticaux massifs, associé à une profonde incurvation inframalaire de la crête maxillozygomatique et un large enracinement en position très antérieure traduisent une force masticatrice importante. Par l'ensemble de leurs caractères anatomiques et en particulier par leurs caractères métriques, les crânes de Dmanissi apparaissent comme une forme intermédiaire entre les Homo habilis-rudolfensis et les Homo ergaster, bien qu'ils soient plus proches du groupe Homo habilis-rudolfensis et notamment du type Homo rudolfensis : ER 1470. Ils se différencient cependant de ces derniers par de nombreux caractères et en particulier par leur grande largeur maximum (euryon–euryon), par la disposition pétro-tympanique en rotation postérieure et par des piliers canins très forts. Ils sont bien distincts des Homo erectus s.l. par la gracilité relative de leur face, par l'étroitesse de leur portion occipitale et par l'architecture de la base du crâne : pétro-tympanique et mastoïdienne ; 2) l'abondance des découvertes apporte des informations sur la biodiversité de ce groupe, la mise en place des caractères structuraux et morphologiques liés soit aux stades de la croissance, soit au dimorphisme sexuel ; 3) sur ces crânes de Dmanissi, il est possible de mettre en évidence un mode de croissance différent de celui des hommes actuels. L'étude de ces découvertes constitue une étape pionnière dans la connaissance de ces hominidés qui constituent actuellement le premier témoignage d'un peuplement eurasiatique plus ancien que celui, reconnu jusqu'à présent, attribué au groupe des Homo erectus. Il peut-être rapproché du groupe Homo habilis-rudolfensis dont les seuls éléments n'étaient connus que sur le continent africain. Nous attribuons ces crânes à l'espèce Homo georgicus.
Since 1991, several human remains: 5 skulls, 4 mandibles and numerous postcranial fragments have been discovered on the Dmanissi prehistoric open site. It is an exceptional discovery due to the stratigraphical, paleontological and cultural context, which is well known and accurately well dated (Upper Pliocene–Early Pleistocene). Most of the hominids discovered in the level V and VI are dated between 1.81 My (level V) and 1.77 My (level VI) corresponding to a 40,000 years period. The assemblage of fossil human remains is peculiar due to (1) the quality of bone representation (distinct parts of the skeleton are preserved: skull, thorax, upper and lower limbs, belt), (2) the high degree of bone preservation (skulls and long bones are entire, rarely broken or crushed), (3) the diversity age at death estimated for each of the 5 individuals (3 adults, 1 young adult, 1 adolescent of both sexes). The study dealing with the first discovered mandibles and skulls has begun with Leo Gabounia since 1991 and represents several interests: 1) a paleoanthropological interest: the Dmanissi skulls are characterized by their small size; they are short, narrow and low. The skullcaps are less elevated than those of the Homo erectus group and even those of Homo ergaster. They are more elevated than those of Homo habilis and very close to Homo rudolfensis. The elevation and the transversal development of the middle part of the skull in the parietotemporal region are more significant: the Dmanissi specimens are intermediate between Homo habilis and Homo ergaster. In term of cranial capacity, a similar trend is observed. Generally speaking, the skull is slender. The vault is more flat than in Homo erectus, the frontal bone is less developed, divergent and the postorbital constriction is strong. The temporal bone is long, flat and the mastoid part is short. The upper part of the occipital bone is low and narrow. Crests are thin, less developed than in the Homo erectus group. The superior temporal crests are in a high position and a torus angularis is present on the adult-male specimen. The glenoid cavity is large with strong edges. The petrotympanic region is slender with a tympanic circle individualized and it shows a horizontal rotation in a posterior position, which is distinct from Homo erectus. The orthognathic trend of the face distinguishes the Dmanissi specimens from the early Pleistocene hominids (Homo habilis, Homo ergaster) and from the first Eurasian Homo erectus. Nevertheless, the subnasal region of the face is projected. The morphology of the mid-face, showing a developed pillar of the canine, an inframalar incurvation and an anterior position of the root of the zygomaticomaxillary crest, suggests strong masticatory stress. Considering the overall morphology, cranial and metrical features, the Dmanissi fossil skulls are intermediate to the Homo habilis-rudolfensis group and Homo ergaster while they are closer to the former and peculiarly to Homo rudolfensis (ER 1470). However, the Dmanissi fossil skulls are distinct from Homo rudolfensis by numerous features and among them: by their large maximum cranial width (Euryon–Euryon), the posterior rotation of their petrotympanic structure and the strong development of the pillar of their canine. Due to the gracility of their face, the narrowness of their occipital bone, and their cranial base pattern (mastoid region and petrotympanic structure), the Dmanissi fossil skulls are different from the Homo erectus group: 2) the abundance of the human fossils discovered in Dmanissi site provides information about the biodiversity of these hominids with the establishment of the morphological features related to either growth or sexual patterns: 3) compared to modern humans, the Dmanissi fossil skulls seem to follow a different growth pattern. The present study of the fossil skulls discovered is a pioneer step. Indeed, the Dmanissi site has yielded the oldest evidences of the first settlements in Eurasia, which were, until now, attributed to Homo erectus. The Dmanissi fossil skulls are close to the Homo habilis-rudolfensis African group. We attribute these hominids to Homo georgicus.
Journal: L'Anthropologie - Volume 110, Issue 1, January–March 2006, Pages 1–110