Étude rétrospective des brûlures cervico-faciales du troisième degré

RésuméIntroductionLes séquelles de brûlures cervico-faciales peuvent être à l’origine d’une exclusion socioprofessionnelle, de limitations fonctionnelles et de souffrances psychologiques. L’allotransplant composite est devenu une réalité envisageable en reconstruction faciale. Le but de cette étude rétrospective est de voir quelles sont les séquelles des brûlures du troisième degré de la face et d’analyser les éventuelles indications d’allotransplantation de la face chez le brûlé.Patients et méthodesCette étude rétrospective a regroupé tous les patients hospitalisés dans notre service entre mai 2006 et juillet 2009, présentant des brûlures cervico-faciales du troisième degré. Cent quatre-vingt-sept patients ont été sélectionnés. Après relecture des dossiers avec contrôle des photographies et élimination des dossiers photographiques incomplets, 100 patients ont été retenus. La topographie des brûlures faciales de chaque patient a été répertoriée en sous unités esthétiques. Un questionnaire a été adressé à chaque patient afin d’évaluer les répercussions fonctionnelles, esthétiques et sociales.RésultatsLe recul minimum de l’étude est de 12 mois. Parmi les 100 patients, 18 présentaient une brûlure pan-faciale et 82 des brûlures partielles de la face. Chez les 82 patients brûlés partiellement, les sous unités esthétiques les plus souvent atteintes étaient le menton (48 %), le cou (45 %), les joues (41 %), les oreilles (37 %). Les zones pourvoyeuses de séquelles sont le cou (32 %) ainsi que les zones péri-orificielles (11–14 %). Sur les 100 questionnaires envoyés, 28 personnes ont répondu.ConclusionLes séquelles de brûlures du troisième degré intéressent essentiellement le cou et le tiers inférieur du visage. Les indications d’allotransplantation de face restent rares chez les patients brûlés ; il s’agit des carbonisations de la face (aucune dans notre série) et des grands brûlés avec au moins un handicap fonctionnel majeur de la face, pour lesquels les techniques de reconstruction classique sont soit impossibles soit mises en échec.

SummaryIntroductionCervical and facial burns can be responsible of social and professional exclusions, functional limitations and psychological repercussions. Composite allotransplantation has become a reality for complex facial reconstructions. The purpose of this study is to evaluate the third degree facial burns sequelae that might fit into a facial transplant program.Patients and methodsWe conducted a retrospective study in our burn unit from May 2006 to July 2009. We included all the patients with third degree cervico-facial burns. One hundred and eighty seven patients were selected. We excluded 87 patients for insufficient initial photography or lack in the medical data. The topography of the facial burns was analysed for each patient and separated into different aesthetic sub units. A questionnaire was mailed to the patients evaluating the psychological, functional and aesthetic sequelae.ResultsThe follow-up was of 12 months at least. In the 100 patients, 82 presented with partial facial burns and 18 with full facial burns. In the 82 patients with partial burns, 48% had burns in the chin area, 45% in the neck area, 41% in the cheeks and 37% in the ears. The sub units associated with functional sequelae were the neck (32%) and the peri-buccal and peri-orbital region (11–14%). On the 100 questionnaires, 28 patients responded.ConclusionThe third degree burns sequelae concerned mainly the neck and the lower third of the face. The indication of facial allotransplantation remains rare in the burn patient. The deep carbonisation and the very extensive burn patient with severe functional sequelae where the standard reconstructive procedures are inefficient might be eligible for a facial allotransplant program.