La perfusion pulmonaire en morphoTEMP dans le diagnostic de l’embolie pulmonaire : comparaison à la scintigraphie pulmonaire planaire de ventilation/perfusion

RésuméL’objectif de notre étude était d’évaluer un nouvel outil diagnostique de l’embolie pulmonaire (EP) aiguë, la tomoscintigraphie pulmonaire de perfusion couplée à la tomodensitométrie non injectée (morphoTEMP), par comparaison à la scintigraphie pulmonaire planaire de ventilation/perfusion (V/P).MéthodesCent trois patients suspects d’EP aiguë ont bénéficié d’une scintigraphie V/P (deux furent ininterprétables) puis de la morphoTEMP. Ces deux examens furent analysés séparément : (1) selon les critères PIOPED modifiés pour déterminer la probabilité d’EP aiguë avec la scintigraphie et (2) par la recherche d’un mismatch évocateur d’EP aiguë en morphoTEMP (hypoperfusion segmentaire sans anomalie scanographique témoignant d’une autre pathologie dans le territoire correspondant).RésultatsLe nombre de segments hypoperfusés par patient était, en moyenne, plus élevé en morphoTEMP qu’en scintigraphie planaire (4,3 ± 3,6 versus 2,8 ± 2,6 ; p < 0,001). Un mismatch était retrouvé en morphoTEMP dans 0 % (0/18) des scintigraphies normales, 8 % (3/39) des faibles probabilités d’EP aiguë, 32 % (8/25) des probabilités intermédiaires et 74 % (14/19) des hautes probabilités. La présence d’un mismatch était aussi associée à une probabilité prétest plus élevée d’EP aiguë (p = 0,001), même lorsque cette analyse était restreinte aux 25 patients qui avaient une probabilité intermédiaire en scintigraphie (p = 0,02). Enfin, 29 patients avaient un « match » non évocateur d’EP aiguë en raison de la présence, dans les territoires hypoperfusés, d’anomalies scanographiques témoignant d’autres pathologies : hypodensité et/ou emphysème (71 %), condensation et/ou atélectasie (38 %), pathologie pleurale (7 %), structure extrapulmonaire (14 %) et/ou obstruction bronchique (7 %).ConclusionChez les patients suspects d’EP aiguë, la morphoTEMP pulmonaire donne des résultats cohérents avec ceux des scintigraphies pulmonaires et avec la probabilité prétest d’EP. Des études de comparaison avec les techniques angiographiques sont maintenant indispensables pour préciser la valeur diagnostique de cet examen.

The aim of this study is to assess a new tool for the diagnosis of acute pulmonary embolism (PE): single-photon emission computed tomography lung perfusion imaging associated with unenhanced computed tomography (SPECT/CT) compared to planar ventilation-perfusion (VQ) lung scintigraphy.MethodsOne hundred and three patients with suspected acute PE underwent VQ scintigraphy (two scans were uninterpretable) followed by perfusion SPECT/CT. The two types of images were analysed separately: (1) according to the modified PIOPED scintigraphic criteria for VQ lung scan and (2) with regard to SPECT/CT mismatches suggestive acute PE (segmental perfusion defects detected on SPECT images not matched with CT abnormalities).ResultsOn average, the number of segmental perfusion defects per patient was higher with SPECT/CT than with planar scintigraphy (4.3 ± 3.6 versus 2.8 ± 2.6; p < 0.001). A mismatch was found with SPECT-CT in 0% (0/18) of normal scintigraphy, and 8% (3/39) for low, 32% (8/25) for intermediate and 74% (14/19) for high probabilities of PE at scintigraphy. The presence of a SPECT/CT mismatch was also associated with higher pretest probability of acute PE (p = 0.001), even for the 25 patients in the intermediate-probability subgroup (p = 0.02). Finally, a SPECT/CT match was found in 29 patients that was not suggestive of acute PE due to the presence, in areas with perfusion defects on SPECT images, of the following CT abnormalities: hypodensity and/or emphysema (71%), condensation or atelectasis (38%), pleural disease (7%), extrapulmonary structure (14%) and/or bronchial obstruction (7%).ConclusionIn patients with suspected acute PE, the results obtained with pulmonary SPECT/CT images are consistent with those obtained with VQ scintigraphy and the pretest probability of PE. Further studies comparing SPECT/CT imaging with angiographic techniques are now required to evaluate more specifically the diagnostic value of this new tool.