Le processus placebo : amorcer le sujet par une « hypothèse suffisamment bonne »

RésuméSi, comme le souligne N. Humphrey, le placebo révèle des capacités d’autoguérison, il importe alors de se concentrer sur le processus qui libère ces potentialités. Notre réflexion repose sur deux présupposés. Premièrement, le cerveau produit et met à l’épreuve en permanence des hypothèses testées par l’action et ses retours sensoriels. Deuxièmement, la douleur est une alarme résultant de la répétition de signaux de discordance et n’est pas nécessairement activée par la stimulation des récepteurs de la nociception. Par conséquent, la proposition d’une « hypothèse suffisamment bonne » et sa validation transitoire amorceraient un phénomène placebo par réduction de la signature de la douleur. Tout en accordant une dimension thérapeutique indéniable au phénomène de placebo, cette réflexion insiste sur le caractère subtil de la sorte de pari que représente l’amorçage d’un tel processus et des conditions nécessaires à son maintien, le temps que l’effet escompté se développe. Ainsi, un phénomène placebo peut également potentialiser un traitement actif.

If placebo cure is self-cure, a fundamental question, as proposed by N. Humphrey, is why this capacity remains blocked until primed by a symbolic event such as the injection of an inert substance. In our view, this event induces a rearrangement of the ongoing predictions by which the brain generates expectancies of what is likely to happen next. These predictions are akin to anticipations simulating an increased comfort in the case of the administration of an antalgic treatment. In some cases, this anticipation promotes the reinforcement… of its prediction, mediated by a dopamine surge, together with a release of endogenous opiates. This priming of a circular causal chain might represent the basis of a placebo effect… normally followed by the action of the pharmacological event itself. Somehow, the placebo effect is akin to a risky bet.