Charles-Louis Trepsat (1879–1929) : un psychoanalyste de la première heure et médecin à la maison de santé de Rueil-Malmaison

RésuméÀ 20 ans, Charles-Louis Trepsat (1879–1929) quittait son Cantal natal pour effectuer ses années de médecine entre Bordeaux, Rouen, Rennes, Paris où il obtint son diplôme de docteur en médecine en 1905. Muni de son médicat des asiles en 1910, il a exercé toute sa carrière à la maison de santé de Rueil-Malmaison, une polyclinique sélecte et réputée spécialisée dans le traitement des affections du système nerveux et des troubles de la nutrition, un lieu de repos de femmes du monde et de nombre d’hommes des arts, des lettres et de la politique (P. Deschanel, P. Valéry, G. Feydeau, L. Baskt, P. Louÿs, G. Halévy, Jane-Wanda de Szymkiewicz, M. Ravel…). Relisant ses publications sur la démence précoce, la psychose périodique, l’épilepsie et la psychanalyse réunies dans un ouvrage grâce à son ami Benjamin-Joseph Logre (1883–1963), nous nous penchons sur la brève carrière de Trepsat qui a été un des tout premiers aliénistes à porter un intérêt à la psychoanalyse. Entre 1920 et 1922, Trepsat publiait six articles dont deux avec Ernest Dupré (1862–1921). N’ayant appartenu ni au groupe de l’Évolution psychiatrique (1925) ni à la Société Psychanalytique de Paris (1926), nous montrons que Trepsat n’était nullement hostile aux thèses freudiennes. Dès juin 1914, Trepsat s’est appliqué à pratiquer la psychoanalyse de Freud. Il donnait toute son importance au conflit et au refoulement mais dans un freudisme très modifié, dans la méthode et dans l’explication. Il utilisait à la fois la méthode d’association libre sur le rêve et les tests d’association de mots inducteurs avec chronomètre mais sans galvanomètre. La sexualité n’était qu’un domaine de l’émotion ; elle ne pouvait donc être tenue comme la source exclusive des psychonévroses. De 1923 à sa mort, Trepsat s’est tenu à l’écart de l’agitation génératrice de conflits autour de la doctrine de Freud. Cependant, il nous apparaît qu’il a été le premier à en montrer à E. Dupré l’heureuse application à certains cas cliniques, même en dehors du champ de la névrose et à l’expérimenter dans un esprit scientifique dans un établissement privé.

At 20 years of age, Charles-Louis Trepsat (1879–1929) left the Cantal area where he was born. He studied medicine in Bordeaux, Rouen, Rennes and Paris. In Paris, he obtained his doctoral degree in medicine (1905). With his “médicat” (1910), he practiced in a mental institution near Paris (Rueil-Malmaison). It was a select and renowned clinic which specialized in the treatment of nervous system disorders and eating disorders. It also served to rest for the society woman and many writers, artists and politicians (P. Valéry, P. Deschanel, G. Feydeau, L. Baskt, P. Louÿs, G. Halevy, Wanda Jane Szymkiewicz, M. Ravel…). Reading over his publications on schizophrenia, periodic psychosis, epilepsy and psychoanalysis, all compiled into a single book thanks to his friend Benjamin-Joseph Logre (1883–1963), we look into Trepsat's brief career. Trepsat, who was called the « French Freud », was one of the first alienists to be interested in psychoanalysis. Between 1920 and 1922, he published six articles; two with Ernest Dupré (1862–1921). Even though he never belonged to the Paris Psychoanalytical Society (1926) or to the Psychiatric Evolution Group (1925), he was not hostile to freudian theory. From june 1914, Trepsat applied psychoanalysis in his practice but It was in a very modified Freudianism in the methodology and the explanation. He awarded all his importance to conflict and repression. He used both the free association method for dreams and association-inducing words tests with a stopwatch but without galvanometer. He regarded sexuality as no more than an emotional issue; so, it could not then be held as the sole source of the psychoneurosis. From 1923 to his death, Trepsat did not get involved in the turmoil and conflict that was generated around Freud's theory. However, it appears that he was one of the first who demonstrated to E. Dupré its successful application to certain clinical situations even outside the field of neurosis and to experiment in a scientific approach in a private mental institution.