Sclérose en plaques et sexualité : un modèle complexe

RésuméCet article a pour objet de faire le point sur les données actuelles de la littérature sur les difficultés sexuelles liées à la sclérose en plaques (SEP), de remettre en cause certains a priori et de poser les bases de recommandations pour la prise en charge des troubles sexuels des patients avec une SEP et plus généralement des handicapés. La SEP est prise comme modèle d’analyse des troubles sexuels des patients handicapés. La fréquence des troubles génitosexuels dans les études concernant la SEP varie entre 75 et 84 % pour les hommes et entre 45 et 85 % pour les femmes. La précocité et la difficulté d’appréhender une dysfonction sexuelle (DS) chez les patients handicapés doit conduire à la règle d’un interrogatoire systématique sur la sexualité. Alarcia avait déjà signalé en 1997 que 63 % d’entre eux n’ont jamais parlé des troubles sexuels avec leur médecin et que les neurologues ne posaient des questions sur la sexualité que dans 30 % des cas. On retrouve un fort taux de séparation ou de divorce chez les personnes présentant un handicap important, en particulier les patientes. Les réseaux de soins en sexologie sont quasi inexistants pour les handicapés. Il y a un manque cruel de véritables programmes d’aide à la sexualité des patients handicapés pour vaincre leur isolement, mais ces programmes ne pourront être efficaces que s’ils s’accompagnent d’une prise en compte des aspects sociaux, conjugaux et psychoaffectifs propres aux handicapés et à chacun d’entre eux.