Violences conjugales et transmission transgénérationnelle. Que devient l’enfant témoin ?

RésuméObjectifsDans cet article, nous tentons de mettre à jour les conséquences de la violence conjugale sur le devenir de l’enfant qui en est témoin. Nous montrons que si la violence est inhérente à l’humain et même constitutive du sujet dans l’instauration des premiers liens parentaux, l’un de ses devenirs lorsqu’elle n’est pas suffisamment symbolisée et dépassée est de prendre place du côté de l’acte. Notre objectif est également à travers notre analyse de montrer à quel point sortir de la dichotomie victime-auteur permet d’accéder à la scène intérieure tant du sujet que de la famille et de dénouer quelque peu la complexité des enjeux lorsque chacun est pris d’une place ou d’une autre dans la dimension d’une violence destructrice faisant loi.MéthodeNotre recherche est basée sur une approche qualitative à partir d’études de cas basées sur des entretiens semi-structurés avec des adultes, portant sur leur passé d’enfants exposés aux violences conjugales. Ces entretiens enregistrés et anonymés ont été analysés selon la méthode croisée d’analyse du discours et de contenu. Le cas de M. Ritti, auteur de violence mais aussi ancien enfant exposé, nous permettra de mettre à jour les enjeux conscients et inconscients à l’œuvre dans le mécanisme de la répétition transgénérationnelle.RésultatsNos résultats montrent des sources potentielles de répétitions transgénérationnelles : parentification, déni, clivage, identification à l’agresseur, mais aussi la source possible d’une jouissance perçue dans l’agression. L’enfant témoin est confronté à l’énigme d’un lien entre père et mère basé sur la violence, plus encore, il est pris par la sidération et le silence sources de traumatisme, enferré dans les enjeux transgénérationnels où la violence fait lien ; l’un des destins de cette dernière est alors qu’elle soit à nouveau mise en acte.DiscussionIl s’agit de préciser les facteurs psychiques en jeu dans la répétition transgénérationnelle, car les enfants témoins des violences conjugales ne répètent pas nécessairement ces situations.ConclusionsNous en déduirons les bases possibles d’une meilleure prise en charge et prévention des violences conjugales.

ObjectivesIn this article, we try to highlight the impact of marital violence on child development. We seek to show that violence is inherent to all human beings and even constitutes an intrinsic part of individuals when establishing the first parental bonds. But when it is not sufficiently symbolized and overcome, a possible outcome is to position itself as an act. Through our analysis, we also seek to show to what extent emerging from this victim-perpetrator dichotomy makes it possible to gain access to the domestic scene of both the individual and of the family, and undo the complexity of the issues to some extent, when each one is engaged in one way or another in a dimension driven by destructive violence.MethodOur research is based on qualitative approach with case study method. We collected testimonies using semi-structured interviews carried out among five adults who witnessed marital violence during childhood, and carried out a content and discourse analysis. Their testimonies were recorded with the consent of the persons involved. The case of M. Ritti, perpetrator of spousal violence but also previously child witness, enables us to highlight the conscious and unconscious stakes at play within the mechanism of cross-generational repetition.ResultsOur results suggest potential causes of transgenerational repetition: parentification, denial, splitting, identification with the aggressor, but also pleasure linked to aggressive acts. Indeed, such a child is confronted by a puzzling relationship between his/her father and mother based on violence, and in addition, is caught up in the shock and the silence that are sources of trauma, thrust in cross-generational issues where violence is bonding; then one possible destiny is that this violence is put into act.DiscussionWe seek to clarify specific psychological factors involved in transgenerational transmission, because a child who witnesses marital violence often (but not always) becomes an “adult-aggressor”.ConclusionsWe will conclude with possible foundations for better prevention and treatment of spousal violence.