Le symptôme hypocondriaque dans un cas de psychose puerpérale

RésuméL’hypocondrie est un symptôme transversal qui peut recouvrir n’importe quelle structure psychique. Cependant, nous savons qu’il ne suffit pas de procéder à l’élaboration d’une symptomatologie pour en déduire une organisation mentale. Dans la névrose, nous dirions que l’hypocondrie sert la relation à l’autre, tandis que dans la psychose, elle participerait à un repli autistique responsable d’une augmentation de l’angoisse. Les auteurs formulent l’hypothèse selon laquelle l’intervention de ce symptôme est une manifestation de l’angoisse de morcellement et le signe avant coureur d’une décompensation psychotique sur un mode paranoïaque. Afin d’illustrer leurs propos, ils présentent Amélie, 27 ans, rencontrée dans un service de maternité. L’étude de ce cas permet de décliner les différentes fonctions que peut revêtir l’hypocondrie : à la fois symptôme pour tenter de maintenir un lien social (mais qui échoue), mécanisme de défense pour se protéger de l’effondrement psychotique, enfin, mode particulier de fonctionnement constitutif d’un délire systématisé. Ce qui aurait pu, lors de la première rencontre avec la jeune femme, laisser penser à une hystérie de conversion (manifestations psychosomatiques, phobies, amnésie infantile), a finalement dévoilé l’existence d’un noyau mélancolique, sous-tendu par l’impossibilité d’admettre la mort du père qui a eu lieu au décours de la troisième grossesse d’Amélie. Il apparaîtrait que ce traumatisme ait joué un rôle prépondérant dans la décompensation d’une psychose puerpérale sur un versant paranoïaque et dont la structure nucléaire serait la mélancolie.

The hypochondria is a transverse symptom, which can cover any psychic structure. However, we know that it is not enough proceeding to the elaboration of a symptomatology to deduct a mental organization from it. In the neurosis, we would say that the hypochondria is of use the relation to the other one, whereas in the psychosis, it would participate in an autistic fold responsible for an increase of the anxiety. The authors formulate the hypothesis according to which the intervention of this symptom is a demonstration of the anxiety of division and the sign before runner of a psychotic decompensation on a paranoiac mode. To illustrate their comments, they present Amélie, age 27, met in a service of maternity. The study of this case allows declining the various functions that the hypochondria can take on: at once, symptom to try to maintain a social link (but which fails), defense mechanism to protect itself from the psychotic collapse, finally, the particular mode of the psychotic collapse, finally, the particular mode of constituent functioning of a systematized frenzy. What would have been able, during the first meeting with the young woman, to let think of a hysteria of conversion, phobias, infantile amnesia), finally revealed the existence of a melancholic nucleus, stretched out by the impossibility to admit the death of the father which took place in the fall of the Amélie's third pregnancy. It appears that this trauma played a dominating role in the decompensation of a puerperal psychosis on a paranoiac hillside and the nuclear structure of which would be the melancholy.