L’eau du bain et le bébé. Sur la conception lacanienne des psychoses

RésuméLe présent texte constitue un commentaire de l’article sur la conception lacanienne des psychoses. Le texte répond à trois groupes de critiques. Sur le reproche que la conception lacanienne introduit une logique binaire, entraînant une idée d’incurabilité des psychoses, il considère que le modèle lacanien propose un point de vue structural, qu’il convient de mettre en parallèle avec les autres points de vue freudiens (topique, dynamique, génétique, économique). Sur le reproche que cette conception conduit à l’exclusion du fou, il remarque que l’étude du contre-transfert dans le travail avec les patients psychotiques rend mieux compte de leur difficulté d’insertion dans la communauté. Sur le reproche d’une pratique agissant sur la réalité des patients psychotiques comme seule possibilité d’action thérapeutique, il met en évidence que le travail avec eux nécessite toujours un agir thérapeutique, et impose donc à la psychiatrie et à la psychanalyse la recherche d’une théorie de cet agir. Au total, l’auteur considère que la conception lacanienne propose un point de vue anthropologique, spécifiant le propre de l’homme, qui est sans doute radical, mais qui n’est pas sans arguments.

The present text is a commentary of the paper about Lacanian conception of psychoses. The text examines three groups of criticism. On the reproach that the Lacanian conception implies a binary logic sustaining the idea of incurability of psychoses, the author considers that the Lacanian model proposes a structural point of view, which needs to be completed by the other Freudian points of view (topics, dynamic, genetic and economic). On the reproach that this conception leads to the exclusion of madness from society, he remarks that the study of counter-transference when working with psychotic patients is more able to explain the difficulties they face for community insertion and rehabilitation. On the reproach that this theory induces a practice that recommends to act in upon the reality of psychotic patients as the mere possibility of therapeutic action, he highlights that working with psychotics always needs a therapeutic acting in, and this statement means that psychiatry and psychoanalysis have to seek for a theory of acting in. In conclusion, the author considers that the Lacanian conception proposes an anthropological point of view that specifies the human psychic word; this point of view is maybe a radical one, but it does not lack arguments.