Le harcèlement psychologique en milieu scolaire : une affaire de groupes d’adolescents ? Effets traumatiques et propositions de prise en charge

RésuméCadre théoriqueLe harcèlement psychologique dans les institutions scolaires est un phénomène mal connu en France, en dépit de sa médiatisation et de ses effets délétères : des symptômes réversibles du traumatisme jusqu’aux passages à l’acte suicidaires. Nous avons été confrontés à la difficulté de définir le harcèlement psychologique. En quelques mots, nous pourrions qualifier ce processus d’agressions psychologiques, construit sur un lien sadomasochiste, alimenté par une communication teintée de perversion. L’installation d’un climat de terreur peut être rapide et créer chez les victimes des sentiments de crainte, d’humiliation, de honte, de culpabilité. Nous avons tenté de lire le harcèlement psychologique en milieu scolaire de manière plus clinique, sous l’angle des théories psychanalytiques du traumatisme, de l’adolescence et du groupe. Paradoxalement, le groupe peut tant représenter un lieu de protection et une voie de valorisation narcissique pour les adolescents, qu’être source de danger pour certains adolescents vulnérables.MéthodologieNous discutons ici le cas d’Alexandra, seize ans, qui a été victime de harcèlement psychologique au collège pendant plusieurs mois. Nous l’avons rencontrée trois fois dans le contexte d’une recherche clinique sur le sujet. Grâce aux entretiens effectués, nous avons pu recueillir les sentiments et le vécu de la jeune femme. Les éléments cliniques recueillis lors du dernier entretien, un an et demi après les faits, nous mènent sur la voie d’effets négatifs toujours actuels du trauma psychique (évitement comme principal mécanisme de défense pour lutter contre le trauma).RéflexionsNotre analyse nous a permis de discuter l’existence d’une névrose traumatique (syndrome de stress post-traumatique) et de sa gravité, particulièrement lorsqu’elle émerge au moment de l’adolescence.PerspectivesCe cas clinique illustre les conséquences psychiques d’un trauma réel chez des adolescents victimes de harcèlement et la nécessité d’envisager trois types de solutions : la prévention, la reconnaissance de la situation et de la souffrance de l’adolescent, le suivi psychologique.

BackgroundSchool bullying is a phenomenon badly known in France, in spite of its mediatization and of its noxious effects: to reversible symptoms of the traumatism up to the suicidal acting out. Despite of the difficulty to find a good definition of it, it could be considered as some repeated psychological aggressions, based on a perversely communication. The installation of a terror climate can be fast, and can create on the victims a real fear feeling, or even shame and culpability. We tried to define school bullying thanks to psychoanalytical theories of trauma, adolescence and group. In fact, group can represent a protection place and a valorization way for adolescents, but it also can be a real danger.MethodsWe chose to discuss the case of Alexandra, a sixteen-year-old adolescent, who has been a school bullying victim during a lot of months. We met her three times, in the context of psychological interviews. The clinical informations collected during the last interview show that the negative traumatic effects are still present in her psychical life (avoidance as the principal defense mechanism to fight the trauma effect). We tried to relate with her how she lived bullying, and what are her feelings today when she rethinks about that. This helped us to analyze what and if they were efficient or not.ReflexionsOur analysis of psychical consequences of bullying for Alexandra has permit us to discuss the existence of a real traumatic neurosis next to this situation. The fact that it arises during the adolescence period is really worrying because it associates to all the corporal and psychical anxieties that can be related to this process.PerspectivesThis clinical case can illustrate a lot of school bullying situations, and how much the psychical consequences can be important and create a real trauma for the adolescent's victims, and, in this way, the necessity of considering three solutions: the prevention, the recognition of the situation and the suffering of the teenager, the psychotherapy.