Une seconde grossesse : un simple recommencement ?

RésuméObjectifL’objectif de cette recherche est de mieux appréhender le premier berceau psychique qui va accueillir l’enfant à naître au cours d’une première ou d’une deuxième grossesse. Certes, la première grossesse marque un avant et un après pour une femme, qui devient alors mère, mais l’expérience de la grossesse peut-elle se réduire simplement à la première d’entre elles ?Méthode1) Population : 25 primipares, 25 deuxièmepares vues au 7e mois de grossesse et volontaires pour la recherche ; 2) recueil des données : auto-questionnaire, entretien semi-directif comprenant : bande de cris et pleurs (B. Lester, 1981), entretien « R » de D. Stern remanié, génogramme, dessins ; 3) analyse des données : analyse micro-analytique pratiquée selon les principes de l’analyse narratologique et analyse macronalytique s’appuyant sur la théorie psychanalytique.RésultatsEn s’appuyant sur leur première expérience, les femmes enceintes d’un second enfant s’imaginent mieux gérer les soins à donner au nouveau-né. Elles montrent clairement leur savoir-faire en tant que mère. Malgré leur expérience, les femmes enceintes deuxièmepares rencontrées se plaignent et souffrent de ne pas être suffisamment étayées lors de la seconde grossesse. Elle est comme banalisée. Elles expriment alors des affects tristes et douloureux et s’étonnent finalement de ne pouvoir livrer à leurs proches des aspects plus nuancés, plus complexe de leur vécu de femmes enceintes. On peut alors se demander s’il n’y a pas une difficulté à entendre ces paroles de femmes se positionnant moins dans l’élation narcissique de la première grossesse. Moins en prise avec leurs conflits œdipiens et pré-œdipiens, elles semblent avoir une plus grande faculté à régresser à un niveau archaïque. Dans des mouvements d’identifications à l’enfant qu’elles portent, elles se confrontent davantage au bébé réel dès la grossesse. Elles sont moins débordées, moins effrayées par l’enfant qui grandit en elles, par ce sentiment « d’inquiétante étrangeté », par des angoisses archaïques.ConclusionUn véritable travail d’appropriation du corps interne, de leur utérus semble se faire entre la première et la deuxième grossesse. Une élaboration de la position dépressive est ainsi à l’œuvre.

AimThe aim of this research is to understand better the psychic cradle that will surround the child born during a first or a second pregnancy. Obviously, the first pregnancy is a turning point in a woman's life as she then becomes a mother, however one can hardly reduce pregnancy experience to the first of them.MethodWe study a population of 25 primiparous and 25 secondiparous women that we meet during their 7th month of pregnancy. Data collection is made through a self questionnaire and a semi directive interview during which we make them hear B. Lester infant cry tape, we perform D. Stern's “R” interview, and ask them to make a genogram and some drawings. Data are then interpreted through a microanalytic analysis relying on the narrative principles as well as a macroanalytic analysis relying on the psychoanalytic theory.ResultsRelying on their experience with their first child, secondiparous women feel more able to take care of their second baby and want to show their know-how. However, they also express the lack of support during their second pregnancy which now appears as a rather common event from their relatives’ point of view. This makes them to express sad and painful affects and they finally get surprised to not be able to confess to their relatives more complex and nuanced aspects of their experiences as pregnant women. One may then ask if there is not a difficulty in hearing words of women placing less narcissistic elation than during the first pregnancy. Being less involved with their oedipal and preoedipal conflicts, they seem to have a greater ability to regress to an archaic level. They confront themselves to the real baby during pregnancy much more than primiparous women. They are also less overwhelmed by the infant that grows within them, or by the “disturbing strangeness” feeling or archaic anxiety.ConclusionA true work of appropriation of their body and more specifically their uterus is made between the first and the second pregnancy, which shows an ongoing elaboration of the depressive position.