Violences sexuelles à l’adolescence : constats et réflexions. Analyse de la population adolescente reçue pour suspicion de violences sexuelles à l’unité médico-judiciaire de Paris

RésuméObjectif de l’étudeCet article décrit les caractéristiques des violences sexuelles à l’encontre d’adolescents, la relation victime–agresseur et leur révélation. Il propose une typologie de ces violences en fonction de la prise de risque initiale de l’adolescent dans la situation d’agression.MéthodePour mener cette étude épidémiologique, nous avons recueilli pendant trois ans les caractéristiques des mineurs victimes de violences sexuelles reçus sur réquisition au sein d’une unité médico-judiciaire pédiatrique (UMJ). Au décours d’un examen somatique et/ou d’une expertise pédopsychiatrique, les médecins du service ont complété un questionnaire sur les données sociales, les données sur l’agression, sa révélation, sur l’agresseur. L’analyse statistique a été réalisée grâce au logiciel Sphinx®.RésultatsDeux cent trente-cinq adolescents, déclarant avoir été victimes de violences sexuelles entre leurs 12 et 18 ans, ont été reçus à l’UMJ. Quatre-vingt-onze pour cent des sujets sont de sexe féminin, 65 % connaissaient leur agresseur avant les faits. Les violences sexuelles se regroupent en trois catégories selon le niveau de prise de risque initiale de la victime : des agressions inattendues et imprévues où aucune prise de risque n’est relevée (48 %), des agressions survenant dans un contexte de prise de risque importante de la part de l’adolescent victime dont les fabulations (48 %) et des relations sexuelles amoureuses consenties (4 %). Les violences sexuelles intrafamiliales durent plus longtemps et sont révélées plus tardivement que celles commises par un agresseur extrafamilial.ConclusionLa définition de ces trois typologies révèle l’importance de la problématique adolescente caractérisée par la prise de risque dans le contexte des violences sexuelles. Se pose la question du retentissement médico-psycho-social de ces faits en fonction de cette typologie, avec notamment le traitement de la culpabilité et les risques de victimation secondaire et délinquant.

ObjectiveBy a descriptive epidemiological analysis of the characteristics of a teenager's population, alleged victims of sexual assaults in a legal proceeding, this article aims at transmitting accurate data concerning the type of sexual violence, the relationship between victim and perpetrator and the disclosure. We propose a typology of this violence in the adolescence, according to the initial risk-taking of the teenager in the abuse.MethodA study was led over three years within the pediatric medical-judicial unit (UMJ) of Paris to analyze the characteristics of the young victims of sexual violence, received after requisition for a somatic and/or a child psychiatric examination. The doctors and child psychiatrists of the department informed a questionnaire, exploring social data, abuse and revelation data, and information about the perpetrator. The statistical analysis was realized thanks to the software Sphinx®.ResultsTwo hundred and thirty-five adolescents, declaring they were victims of sexual violence between their 12 and 18 years, were received. Ninety-one percent of them are female, 65% knew their perpetrator before the facts. Sexual abuse can group together in three categories according to the initial risk-taking of the victim in the abuse: unexpected and unforeseen attacks, without risk-taking (48%), attacks happening in a context of important risk-taking by the teenager and inventions attacks (48%) and granted loving sexual relations (4%). The link between the victim and the perpetrator seems to be related to the type of fact and the disclosure's process: the family sexual violence owed longer, were often committed in a climate of blackmail and manipulation, and are revealed later.ConclusionThe definition of these three typologies reveals the importance of the adolescent problem in the context of sexual violence, in particular the question of the risk-taking. It allows the penal, medical and psychological fields to bring up more accurate answers, in order to prevent the medical and psychological consequences of the facts, especially secondary victimation and delinquent risk. Other researches, in particular longitudinal, could specify the consequences on the development in the adulthood according to this typology.