« États des liens » en maternité : paroles de soignants

RésuméAu moment symbolique de la naissance, la mère et son nouveau-né sont entourés de femmes : autrefois « commères » et « matrones », aujourd’hui sages-femmes et auxiliaires puéricultrices. Pour devenir mère, il faut la présence d’une autre femme, d’une autre mère. Nous avons mené une enquête auprès de soignant(e)s de maternité pour comprendre leur perception de la souffrance psychique de la dyade mère–bébé. Notre étude montre que la souffrance dans le lien mère–enfant ne se traduit pas explicitement dans le discours exprimé mais plutôt dans la mise en péril des liens au sein de l’équipe. En maternité, les soignants sont convoqués à des places symboliques qui les dépassent et les agissent, en miroir à la dynamique familiale au moment de la naissance. En considérant ce mouvement de transfert sur l’institution, le « psy » pourrait permettre aux soignants de sortir de positions isolées et clivées. Ainsi, pour que la maternité prenne sa fonction de « berceau psychique », il s’agira d’écouter les soignants pour mieux entendre les patients.

To accommodate the symbolic moment of birth, there used to be a female-only “birth-society” around a mother and her newborn. This environment is today replaced by midwifes and child care assistants. To become a mother herself, a woman needs another woman, another mother. We conducted a research with professionals of maternity hospital to understand their perception of the psychological suffering signs in the mother–child relation. We conclude that when the mother–child relation is in danger, we will not necessary perceive the distress in the words, it will rather be shown by internal issues within the team. Indeed, professionals of maternity hospital take symbolic functions that reflect the familial dynamic at the time of birth. In acknowledging this transference in institution, psychiatrists or psychologists can allow the care-givers to exit cleaved positions. Therefore, in order for the maternity hospital to take its function of “psychic crib”, psychiatrists have to listen to the care-givers. Listening to the medical team members enables them to hear the patients.