Troubles sémantiques et pragmatiques du langage : intérêt de l’analyse linguistique en psychiatrie et cadres pathologiques

RésuméLes troubles sémantiques et pragmatiques (TSP) du langage sont décrits classiquement dans les troubles psychiatriques de l’adulte (schizophrénie ; état maniaque et démence). Chez l’enfant, il est habituel de les associer au trouble envahissant du développement (TED) en lien avec un défaut des capacités de symbolisation. Cet article fait le point des connaissances en langage d’un point de vue formel et fonctionnel. Il rappelle l’essentiel de la clinique des troubles spécifiques du langage (TSL) et le lien linguistique–psychiatrie par un rappel de quelques notions historiques. Enfin, une actualisation des analyses linguistiques est présentée permettant de conclure à une double origine des TSP, linguistique ou psychiatrique. En effet, les connaissances développées en psycholinguistique et à partir de la clinique des TSL ont permis de mettre en évidence une atteinte des composantes pragmatique et sémantique primaire ou secondaire aux TSL et donc hors du champ de la pathologie psychiatrique. Cependant, la confusion persiste en raison des troubles psychopathologiques secondaires potentiels ou associés. Deux cas cliniques sont présentés pour illustrer cette conclusion.

Semantic and pragmatic disorders (SPD) of language are usually described in psychiatric adult trouble (schizophrenia, mania and dementia). In children, they are associated with pervasive developmental disorders (PDD) in connection with symbolic capacity deficiency. In this paper, the current knowledge of functional and formal aspects of language is presented. The different clinical aspects of specific language impairments (SLI) and the previous linguistic analysis in psychiatry are reported. The recent advances in psycholinguistic support the notion that SPD may result from both psychiatric and linguistic troubles. Indeed, the psycholinguistic and the different aspects of SLI provide evidence for both semantic and pragmatic ability troubles either primitive or secondary to SLI. Therefore, they should not be considered exclusively as psychiatric signs, although secondary psychopathologic troubles may be associated to SLI. This conclusion is supported by two case reports.