La MDPH : un paradigme de l’évolution sociétale. Comprendre sans se méprendre

RésuméLa loi de février 2005 et la mise en place des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ont un retentissement sur nos pratiques et nos savoirs. Aux commissions départementales de l’éducation spécialisée, dans lesquelles la place du médecin était statutairement reconnue, la nouvelle loi substitue la commission des droits et de l’autonomie qui signe dans sa constitution des changements fondamentaux dans la prise en compte de la place des usagers et de l’handicap. Dans ce paysage ainsi redessiné, le médecin assume une place subsidiaire plutôt technique. Il n’est plus question d’octroyer des allocations mais de reconnaître des droits, d’assurer la participation de la personne handicapée et la redistribution selon un principe d’équité, ordonnateur d’une société de coopération inspirée par la philosophie politique de J. Rawls. Ainsi une évolution qui va d’une logique de la prise en charge à celle d’accompagnement se dessine. Si d’un côté, donc, on assiste à une réelle prise en compte de l’autonomie, de la dignité de l’être humain, de sa place dans la société bien que porteur de handicap, de l’autre côté, ces évolutions portent en elles un épuisement des lieux collectifs et institutionnels, et le risque de laisser dans l’ombre tous ceux qui ne savent pas demander pour eux, ainsi que l’expression de la souffrance que la blessure inhérente au handicap génère. Il nous revient d’être témoins de ces écueils.

The February 2005 white paper (Law) and the creation of Departmental Houses for Handicap (MDPH) had a wide-spanning effect on our practices and knowledge. The new law replaced the Departmental Commissions for Specialised Education, in which medical practitioners had a statutory (constitutional) role, with Commissions on Rights and Autonomy. The latter's constitution fundamentally changed our understanding of handicap and the role of users. In this reconfigured landscape, the medical practitioner occupies a subsidiary role of a rather technical kind. One no longer speaks of allocating funds. Rather, values such as recognising rights, ensuring the participation of handicapped persons, and redistributing according to principles of equity now organise a cooperative society inspired by Rawls’ political philosophy. There is a change in logic from one based on ‘caring for’ to one based on ‘accompanying’ the handicapped person. Clearly, one is witnessing a move towards a greater recognition of a person's autonomy, human dignity and place in society, in spite of their handicap. However, by stripping collective and institutional spaces of their vitality, it risks sidelining those who do not know how to ask. So too does it dispense with attending to the expression of the suffering and the scars that handicap leaves.